Le centre social Belliard s’est engagé pour un deuxième cycle de trois ans dans le projet Démos. Après la flûte et la clarinette ces trois dernières années, douze enfants pratiqueront le violon et le violoncelle et se produiront à la Philharmonie de Paris avec les autres participants dès la fin de l’année scolaire.
Le projet Démos (Dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale) est né en 2010, à l’initiative de la Philharmonie de Paris. Il s’inspire du modèle d’El Sistema créé au Venezuela par un mécène visionnaire, José Abreu. Ce programme éducatif et social centré autour de la musique est à destination des enfants des favelas, à qui il offre la possibilité de découvrir la musique classique par la pratique instrumentale au sein d’un orchestre.
Le projet remet en cause les formes traditionnelles d’enseignement de la musique en privilégiant une approche collective. Les instruments sont prêtés aux enfants qui peuvent les emporter chez eux. Les répétitions ont lieu, au rythme de trois heures par semaine, dans les centres sociaux partenaires relevant de la politique de la ville, où sont affectés des musiciens intervenants qui travaillent avec les enfants. Puis, toutes les six semaines ont lieu des regroupements à la période des vacances.
Découverte d’un patrimoine culturel
Organisé sur un cycle de trois ans, l’objectif musical est d’offrir la possibilité à ces enfants de découvrir la pratique instrumentale et de se produire chaque année, selon leurs compétences, avec un vrai orchestre dans une salle prestigieuse, sous la direction d’un chef d’orchestre professionnel. Mais l’ambition du projet va plus loin : en s’intégrant à un groupe, en découvrant leurs propres compétences mais aussi la coopération, en approchant au plus près une expression artistique exigeante, les enfants participant au projet ont accès à un patrimoine culturel qu’ils n’auraient peut-être jamais découvert.
Arnaud Martin, directeur du centre social Belliard, est très heureux de ce nouvel engagement, que le centre doit à la réussite du cycle précédent : « Cela s’est très bien passé. Trois des six enfants qui ont terminé le cycle sont maintenant inscrits au conservatoire du 18e, où ils suivent le programme spécifique, Démos Plus, une passerelle entre l’enseignement dispensé par Démos, basé sur le jeu et l’oreille, et un apprentissage plus traditionnel. Le programme continue d’ailleurs à leur prêter les instruments. »
Ces fameux instruments sont arrivés fin novembre, mais il faut être patient. Ce n’est qu’en janvier, lors d’une petite cérémonie au cours de laquelle les familles signeront un engagement, qu’ils seront enfin confiés aux enfants. En attendant, ces derniers abordent la musique par la danse et le chant.
Une pratique très souple
La réussite de Démos tient à une coopération entre acteurs du champ social et professionnels de la musique. A raison de deux séances par semaine, le mercredi et le samedi de 14 h à 15 h 30 au centre, les futurs jeunes musiciens sont encadrés par un membre de Démos, musicien d’orchestre ou professeur de conservatoire, en binôme avec un référent de terrain qui, lui aussi, se lance dans la pratique musicale avec les enfants. « Il y a eu parfois des difficultés avec certains musiciens professionnels, qui avaient du mal avec notre souplesse à l’égard des enfants, qu’on ne gronde pas quand ils sont en retard, avec lesquels nous sommes un peu plus tolérants qu’ailleurs. Ce sont deux mondes qui se rencontrent. Mais c’est formateur pour tout le monde », précise Arnaud Martin. Pendant les vacances, des regroupements en orchestre auxquels les parents sont invités à assister, sont organisés à la Philharmonie. « Cela demande un véritable engagement au long cours des familles », ajoute Arnaud Martin, « mais cette année, le groupe recruté est très homogène, tout le monde fait preuve d’une belle assiduité et je suis très confiant. » •
Photo : Jean-Claude N’Diaye