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décembre 2016 / Culture

Dans l’intimité de Bernard Buffet au musée de Montmartre [Article complet]

par Jacqueline Gamblin

Hommage émouvant au célèbre peintre expressionniste décédé en 1999, Intimement offre un portrait de l’artiste, à travers ses œuvres les plus profondes.

Le cadre chaleureux du musée dédramatise la rigueur du trait noir qui caractérise l’œuvre de Bernard Buffet. Le visiteur appréciera son travail à travers 150 de ses œuvres (peintures, gravures) provenant de la collection de Nicolas Buffet, l’un de ses trois enfants adoptifs, et de collections publiques et privées, dont celle du musée Bernard Buffet de Shizuoka (Japon).
De la place Pigalle, où il naquit en 1928, aux Batignolles, où il grandit en famille, et jusqu’au 20 rue Cortot, maison voisine du musée qu’il habita de 1989 à 1999, l’exposition se décline en 11 sections qui permettent d’appréhender l’œuvre sous différents angles. Des Parades bouffonnes du Cirque Médrano à son épouse et égérie Annabel, en passant par l’atelier Lacourière et Frelaut de Montmartre où il travailla la gravure et Un Homme à la mer, œuvre de fin de vie, son trait noir est omniprésent, jusque dans l’architecture de sa signature. L’émotion nous surprend à l’évocation du Médrano de son enfance, où les portraits grands formats de clowns – Clown blanc aux immenses yeux bleus cernés de noir ou Clown à la cafetière bleue posée sur le crâne entre deux touffes de cheveux roux – ont l’air grave de ceux qui se demandent si leur numéro a fait rire. Auguste de cirque, Bernard Buffet se cherche et interroge : Et toi à quel cirque appartiens-tu ?

L’amour et la mort

Son amour « éternel » pour Annabel, épousée en décembre 1958 et à qui il a dédié, en 1961, l’exposition « Trente fois Annabel Schwob », est sans cesse exrimé. Huiles sur toiles, grands et petits formats, célèbrent sa gracieuse silhouette androgyne, en bikini rose ou en robe du soir. L’artiste lui dédie Chérie je t’aime, arbre gravé d’un cœur et des roses. Changement de ton avec Le Grand jeu aux tapis vert, roulette, cartes, dés, pistolets, poignard, crâne humain et alcools sous la lumière froide d’une lampe basse. Pour Jacques, gravure de l’église Saint-Pierre de Montmartre à la pointe sèche, est dédicacée à Jacques Frélaut.
Quant à sa croyance profonde, Bernard Buffet la traduit dans sa Passion du Christ, série de gravures à la pointe sèche ; et, dans le portrait pyramidal de la hiératique Sainte Sarah. Place Pigalle, le Narcisse a disparu. Et les voiliers très chahutés par la dramatique tempête de La dernière vague à Un homme à la mer semblent préfigurer sa propre mort.

Jusqu’au 5 mars 2017, 12 rue Cortot. À voir également, la rétrospective Bernard Buffet, au Musée d’art moderne de la ville de Paris, 11, avenue du Pt Wilson (16e).

Dans le même numéro (décembre 2016)