Petite bonne femme octogénaire, avocate et Montmartroise, Nicole Milhaud a voué sa vie à la défense des droits et aux arts.
Nicole Milhaud fait partie de ces personnages montmartrois qui font vivre et entretiennent la mémoire de la Butte depuis un demi-siècle. Elle est intarissable pour narrer de belles et savoureuses anecdotes vécues dans ce village au grand cœur peuplé de communautés joyeuses et généreuses, Pigalle, les Abbesses… « Lorsque le bougnat du café du Champeau est décédé, on a retrouvé deux Picasso dans sa cave. L’artiste devait payer son bois et son charbon avec ses toiles. »
A 80 ans, rien ne vient déroger à sa règle d’or : lever 6 h 30, piscine entre 7 h et 8 h au lycée Jacques Decour. « Là, je peux débuter en pleine forme ma journée et accomplir le planning que je me suis fixé ». Et le planning est bien réglé : soutien scolaire avec une association de la Goutte d’Or, un après-midi par semaine ; deux après-midi à l’association qu’elle a créée « la Pépinière » au tribunal de Bobigny, pour aider les jeunes avocats et les petits cabinets ; le premier jeudi de chaque mois, soirée littéraire et artistique au Bateau-Lavoir… et toujours le sourire, la gentillesse, la verve élégante. Ainsi va Nicole, toujours accompagnée de son fidèle compagnon, son chien « Capitaine ».
Enfance nomade
Née à Béthune, de parents polonais, Nicole a connu une enfance nomade. Son père ingénieur, bâtisseur de barrages baladait sa famille aux quatre coins de la France. « J’adorais être transplantée. Mes parents des gens généreux, croyaient aux révolutions, au changement, au progrès », se souvient-elle. Puis la famille se fixe à Suresnes dans une cité nouvelle pour les ouvriers, là où Jean Vilar a créé son premier théâtre. « L’église n’avait pas de cloches pour éviter de réveiller les ouvriers le dimanche »… Toute une époque. Quand la Seconde Guerre Mondiale éclate, son père, qui finissait la construction du port de la Goulette en Tunisie rentre de son propre chef pour servir sous les drapeaux.
Nicole passe le bac au lycée de Saint-Cloud puis intègre le cours de théâtre de Roger Blin où elle rencontre Philippe Noiret. Mais son père rêve pour elle d’études supérieures, ce sera donc la fac de droit. « Celle qui demandait le moins de présence pour pouvoir continuer le théâtre, et je décide de faire Sciences Po en même temps… Je me retrouve dans le même groupe que Jacques Chirac ». ... (Lire la suite dans le numéro de juillet-août 2014)
Photo : © Christian Adnin
Dans le même numéro (juillet-août 2014)
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