Dans notre précédent numéro, nous avons commencé l’histoire du début de la Grande Guerre de 1914-1918, vu à travers les événements du 18e arrondissement. Voici le deuxième épisode de ce récit. Nous reprenons ici la série historique publiée en 1999 du vivant de Noël Monier.
À partir du 25 juillet 1914, le gouvernement français prépare la guerre. Il enjoint aux officiers supérieurs et généraux, aux préfets, aux commissaires de police, de ne pas quitter leurs postes ou de les rejoindre immédiatement. Le 26 juillet, les gendarmes sont chargés d’aller trouver les soldats en permission pour leur ordonner de regagner leur régiment.
Le 28 juillet, consigne est donnée aux entreprises de chemin de fer et d’autobus de se tenir prêtes à mettre leurs moyens de transport à la disposition des armées. Cette consigne est immédiatement transmise, dans le 18e, aux cheminots du site Pajol-Villette, particulièrement concernés parce que là se trouvent les énormes dépôts de charbon où les locomotives partant vers l’est s’approvisionnent en combustible.
Alertés également, les cadres de l’atelier central de la Compagnie des Omnibus parisiens, rue Championnet ; et, effectivement, dès le 1er août, les autobus de ce dépôt seront réquisitionnés en vue de transporter les troupes vers le front.
Une autre circulaire aux préfets, le 25 juillet, leur a rappelé qu’en cas de mobilisation générale toutes les personnes inscrites au « carnet B » devront immédiatement être arrêtées. (voir l’encadré.)
Cependant, les premiers jours, ces préparatifs de guerre passent à peu près inaperçus de la population. Le gouvernement a en effet demandé le 26 juillet aux préfets d’intervenir auprès des directeurs de journaux afin qu’ils gardent « silence et discrétion au sujet des préparatifs militaires ». Consigne que les journaux, dans leur quasi-totalité, appliquent.
Pour la population française, inconsciente jusqu’au dernier moment de la gravité de la crise, le passage de la paix à la guerre se jouera en quelques jours, les tout derniers jours de juillet.
Le gouvernement lui-même croyait-il la guerre imminente ? C’est peu probable. A la date du 25 et du 26 juillet, le chef du gouvernement, René Viviani, et le Président de la République, Raymond Poincaré, sont en Russie où, après leurs entretiens avec le tsar, ils font un peu de tourisme. Ils ne rentreront en France que le 29 juillet. S’ils avaient vraiment été persuadés de l’imminence de la guerre, ils seraient sans doute revenus plus tôt.... (Lire la suite dans le numéro de juillet-août 2014)
Photo : © DR
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