À la mi-janvier sera signée une charte permettant la mise en œuvre de Territoires zéro exclusion énergétique, visant à améliorer la qualité de vie des propriétaires aux revenus modestes ou très modestes.
Conçu par l’association STOP à l’exclusion énergétique, le projet Territoires zéro exclusion énergétique a été déployé à l’échelle nationale. Il a pour objectif la réfection d’appartements ou de maisons anciens appartenant à des propriétaires aux revenus modestes ou très modestes, repérés comme souffrant de « précarité énergétique ». Cette dernière associe certains critères, des revenus peu élevés (moins de 2 300 € mensuels), la sensation de froid et/ou d’humidité et de chaleur dans le logement et l’effort économique nécessaire pour y remédier.
Comptant de nombreux bâtiments anciens (94%), pour beaucoup classés E, F et G*, le 18e a été élu terrain d’expérimentation pour Paris. Juliette Bony, arrivée il y a un an, est la coordinatrice du projet en cours et sert d’intermédiaire entre le collectif, dont elle est issue, les opérateurs de l’habitat et les foyers susceptibles de bénéficier du programme. En particulier, elle soutient les ensembliers solidaires, tiers de confiance accompagnant les familles, aide à trouver des partenaires financiers et des entreprises ou encore s’assure de la conformité des travaux avec les décisions prises.
Accompagnement permanent
Actuellement, trois chantiers sont en cours, rues Championnet, Ordener et Polonceau. Deux d’entre eux vont passer à la phase travaux car les devis ont été établis. « On apprend en marchant. Nos objectifs ont été revus à la baisse, tout en privilégiant le qualitatif sur le quantitatif », explique Juliette Bony qui découvre au fur et à mesure les difficultés de mise en œuvre dans la capitale. En effet, les gens ne se sentent pas vraiment concernés ou craignent le changement, ne font pas confiance (le fameux « c’est trop beau pour être vrai »), sans oublier que la législation immobilière et les injonctions des Bâtiments de France ne sont pas toujours simples à Paris.
L’arrondissement a été choisi à la suite d’un audit car il compte beaucoup de propriétaires qui, soit ont hérité, soit sont des seniors habitant le quartier depuis très longtemps, soit de jeunes actifs ayant acheté à l’époque où le m2 était encore abordable ou encore, des intermittents… Leurs logements sont souvent loin d’être aux normes et les transformations sont onéreuses.
La prise en charge oscille entre 80 % et 100 % pour les ménages, lesquels sont accompagnés tout au long de la mise en œuvre du projet par les ensembliers solidaires, embauchés par SOLIHA et Urbanis, réseaux associatifs nationaux de l’habitat privé à vocation sociale.
Une charte bientôt signée
La mission de Juliette Bony commence par le repérage des foyers pouvant prétendre à cette aide, puis se poursuit, une fois l’accord obtenu, par une mise en confiance, épaulée par les ensembliers. « Les ménages commencent souvent par refuser, le côté administratif et financier fait peur ».
Après une première visite du logement, est établie une liste des travaux qui vont permettre de gagner au moins deux classes énergétiques : changement de fenêtres, isolation interne des murs, système de chauffage, ventilation, ballon d’eau chaude, huisseries, au cas par cas… Pour la mise en œuvre, deux fédérations ont été choisies par STOP exclusion énergétique, la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB) et la Fédération française du bâtiment (FFB), dont les qualifications correspondent aux normes environnementales. Juliette Bony recherche ensuite des financements, publics et privés. L’intéressé soumet une demande de subvention auprès de l’Agence nationale de l’habitat (ANAH), avec l’accompagnement de l’ensemblier solidaire. L’ANAH verse les fonds directement aux ménages et peut avancer jusqu’à 70 % de la subvention. La Mairie du 18e est également partie prenante. Si le relogement chez la famille ou chez des amis est impossible pendant les travaux, la coordinatrice se charge également de trouver hôtels ou hébergements de courte durée.
L’expérimentation dans le 18e se déroule sur trois ans. « On teste tout ce qui est possible, déclare Juliette Bony. On capitalisera l’expérience pour pouvoir l’étendre à d’autres territoires de Paris ». En attendant, une charte va être signée entre les partenaires, la Fédération des artisans, la Mairie du 18e, les opérateurs de l’habitat, la division de l’habitat et de la transition écologique de la Ville de Paris.
Une manière de rassurer les ménages sur le sérieux de la proposition qui ressemble pour l’instant un peu à un cadeau de Noël.