Journal d’informations locales

Le 18e du mois

janvier 2025 / La vie du 18e

Be-Cosmo, un collectif solidaire qui redonne vie aux immeubles

par Dominique Boutel

L’idée semble simple mais il fallait y penser : occuper de façon éphémère des locaux vacants pour répondre aux besoins d’artistes, d’artisans et d’associations.

Porté par Be-Association, Be-Cosmo est un collectif qui s’est déjà fait remarquer dans le 18e. Par la création de Be-Jazzy, un bar-restaurant culturel situé porte de Montmartre (voir notre numéro 328), et d’espaces de coworking qui ont vu le jour après une initiative inédite vieille de dix ans : les randonnées roller du vendredi. Suite à la réussite de ce projet, le collectif est approché il y a quatre ans par le bailleur social Paris Habitat qui a engagé un plan de réhabilitation de ses logements sociaux – les habitations à bon marché, pour certains centenaires – afin de les adapter aux enjeux climatiques et énergétiques. C’est le cas des immeubles de la rue Charles Hermite, un ensemble de briques rouges construit à l’emplacement des anciennes fortifications.

Pour le bailleur, la question était de savoir que faire de ces logements vides qui attendent d’être mis en conformité par de gros travaux. Be-Cosmo y a répondu en proposant un projet permettant que 80 % des appartements vides soient transformés en résidences d’artistes et d’artisans, en locaux associatifs et en espaces de travail pour les entrepreneurs de l’économie sociale et solidaire. « Pendant cette parenthèse, qui peut durer plusieurs années, nous transformons la plus grande partie en espaces de création ou de travail. » ajoute Laure Hannecart, co-directrice de Be-Cosmo. Enfin, 10 % des appartements servent eux à la formation professionnelle, aux associations et aux bureaux.

Oser s’adresser en face

Le projet est séduisant pour le bailleur : Be-Cosmo paye les charges locatives, assainit les locaux et les sécurise en les occupant, donc évite les dépenses en surveillance, les dégradations et les occupations sauvages. En échange, le collectif a la possibilité de mettre en œuvre son projet social et solidaire sur un territoire donné. « Nous créons un modèle économique qui permet de répondre à des besoins sociaux, en développant des services gratuits aux habitants : du soutien scolaire et des ateliers pour les enfants tous les mercredis, une formation numérique pour les gens éloignés de l’emploi ou même un thé pour les personnes âgées. On touche 300 familles, on accompagne 175 artistes et artisans, une quinzaine d’associations », explique Laure Hannecart. « C’est la première fois qu’il y a un mélange d’activités au cœur même des immeubles, souligne le co-directeur de Be-Cosmo, Ruben Grave. On se mélange vraiment aux habitants. Et pour l’anecdote, une maman, qui ne s’était jamais permise d’emmener son enfant au Louvre, est allée visiter l’atelier de l’artiste peintre qui vivait sur le même palier qu’elle. »

Pour ce qui est des fonds, ils proviennent des conventions signées avec les occupants, à raison de 20 € m2 par mois tout compris : d’une part 15 € pour eau, électricité, chauffage, internet, accès aux espaces communs et 5 € qui correspondent à la mise en réseau, les partenariats, le lien avec les professionnels. Les associations sont subventionnées en partie par Be-Cosmo à hauteur de 5 € par mois, ce qui équivaut pour elles à un coût neutre sur la partie accompagnement. « L’objectif est que ce soit le plus équitable et le plus juste possible pour les artistes et les artisans et que tout le monde comprenne à quoi sert l’argent. »

Un vendredi par mois, un brunch permet à tout le monde de se retrouver et d’échanger. « Deux associations ont été créées depuis notre arrivée, l’association des femmes et des mamans et celle de locataires, conclut Laure. Pour nous, c’est une façon de reconstruire la cité parisienne un peu différemment, retrouver la vie de faubourg qu’on a pu connaître quand on était plus jeunes. »

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    Clarinettiste et jazzman de renom, Alain Marquet est aussi un amoureux des disques, qu’il collectionne et classe minutieusement. Une passion pour la musique qu’il continue de partager sur scène mais aussi dans son musée.

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