Journal d’informations locales

Le 18e du mois

Abonnement

FacebookTwitter

octobre 2020 / La vie du 18e

Terrasses étendues, riverains tendus

par Danielle Fournier

En un été, l’apparition de terrasses sur la chaussée a changé nos rues. Mais commerçants, consommateurs et riverains ne sont pas sur la même longueur d’onde.

Début septembre, la Ville de Paris a pris la décision de prolonger l’extension gratuite de terrasses sur des places de stationnement pour les cafés, bars et restaurants jusqu’en juin 2021. La Ville les avait autorisées fin mai, au sortir du confinement, jusqu’au 30 septembre « pour maintenir la diversité et la richesse du tissu économique, appuyer la reprise d’activité et faciliter la mise en œuvre de la distanciation physique nécessaire à la lutte contre la Covid-19 ».

Du point de vue économique, les établissements confirment que, s’ils constatent une baisse de leur chiffre d’affaires (environ 30 %), « sans les terrasses éphémères ils auraient mis la clef sous la porte ». La plupart ont créé ces terrasses, souvent décorées de plantes et de fleurs, en les isolant de la rue avec des palettes, barrières en bois et autres canisses qui donnent un air estival. Dans les voies en pente de la butte ont surgi des estrades qui permettent aux clients de se restaurer sans pencher. Les menuisiers ont travaillé très vite ! Certes toutes les terrasses ne sont pas forcément réussies mais elles participent à maintenir une diversité paysagère et la vie dans l’espace public.

Halte au bruit

C’est d’ailleurs là que le bât blesse certains. En effet, pour l’instant, les cafés, bars et restaurants les installent sur simple déclaration, en contrepartie du respect d’engagements en matière « de sécurité, de propreté, de mobilité des piétons, de limitation des nuisances sonores et de respect des horaires d’ouverture et des directives sanitaires ».

Une des règles dont le respect fait polémique est l’horaire de fermeture de ces espaces provisoires qui peuvent être exploités de 8 h à 22 h tous les jours mais qui restent actifs pour certains jusque bien plus tard. Et, comme on le sait, le ton peut monter lorsque plusieurs personnes partagent un verre, et le son grimpe le long des étages où les riverains sont à la recherche du sommeil. Le conflit entre la rue, devenue plus bruyante le soir, et les riverains est là. C’est la DPSP (Direction de la prévention, de la sécurité et de la protection chargée de la lutte contre les incivilités) qui organise les contrôles pour vérifier qu’il n’y a pas d’occupation abusive (c’est-à-dire sur les trottoirs) et que les horaires sont respectés, donc que le bruit s’arrête à l’heure dite.

Gare aux amendes

Mais, comme le déclare Antoine Dupont, adjoint chargé des mobilités, de la voirie et de la transformation de l’espace public, « il y a beaucoup de dérives de restaurateurs qui utilisent les trottoirs alors que ce n’est pas autorisé ». L’idée est de « libérer de l’espace public pour circuler sans être trop contraint et on arrive à une situation ubuesque, contraire à l’idée de départ ! »

De nombreuses personnes se plaignent de devoir zigzaguer entre les tables et notent que « le respect des distances est vraiment aléatoire », surtout dans le secteur des Abbesses. On connaît ailleurs le cas d’un café qui préfère payer des amendes, nombreuses mais non dissuasives, allant jusqu’à installer des tables devant un banc public, « un cas avéré d’appropriation de l’espace public », plutôt que de respecter la règle. Antoine Dupont voit plus loin : « Qu’est-ce qu’on fait après le 30 juin prochain ? On ne peut pas rester les bras ballants face aux nuisances sonores ! »

Une nouvelle charte doit être rédigée, les contrôles vont augmenter et les amendes atteindre 500 €. Le froid va aussi arriver, mais sera-t-il suffisant pour réguler ce nouvel usage de la voirie, diminuer les nuisances et apaiser les tensions ? •

Séverine Bourguignon

Dans le même numéro (octobre 2020)

  • Le dossier du mois

    Un 18e écolo engagé

    Florianne Finet, Noël Bouttier, Sylvie Chatelin
    Faire sa part, comme disait le colibri ! Une nourriture plus saine dans les écoles, des immeubles moins énergivores, valoriser les engagements citoyens, toutes les actions en faveur de l'écologie sont bonnes.
  • La vie du 18e

    Dans les allées désertées du marché d’antiquités

    Jerôme Demarquet
    L’épidémie n’a pas épargné l’immense Marché aux Puces que les touristes ont déserté. C’est l’occasion de s’y balader en évitant la foule des années fastes.
  • La vie du 18e

    Zoom sur les points chauds de la circulation à vélo

    Florianne Finet, Jean-Claude N’Diaye, Sandra Mignot, Stéphane Bardinet
    La pratique du vélo explose à Paris depuis le déconfinement. En un an, les déplacements ont augmenté de 65 % dans la capitale.
  • La vie du 18e

    Mixité au collège

    Dominique Boutel
    Qu’en est-il, quatre ans plus tard, du projet qui, en modifiant la carte scolaire du 18e, tente de lutter contre la fracture sociale ? Rencontre avec le principal du collège Hector Berlioz, cheville ouvrière de la mise en œuvre du projet.
  • La vie du 18e

    Balade le long de la petite ceinture

    Sylvie Chatelin
    Un petit air de province de la Recyclerie au Hasard ludique en longeant la Petite Ceinture, qui sera notre fil conducteur.
  • Ecologie, passages à l’acte

    Ecoplan 18 : les lieux de la transition écologique en une seule carte [Article complet]

    Sylvie Chatelin
    Dans un document unique, tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les acteurs de la transition écologique dans le 18e.
  • Ecologie, passages à l’acte

    Cantines scolaires : bientôt des repas cuisinés sur place ?

    Florianne Finet
    La cantine du collège Aimé Césaire devrait ouvrir dès la rentrée prochaine, pour préparer le passage de relais entre la Sogeres et la Mairie dans les écoles du 18e. Une promesse de campagne d’Eric Lejoindre.
  • Ecologie, passages à l’acte

    Rénovation énergétique, une copropriété se mobilise, la banque ne suit pas

    Noël Bouttier
    Dans le nord de l’arrondissement, une grosse copropriété est en butte à l’attitude inconstante de la Caisse d’épargne.
  • Montmartre

    Un hôtel à l’abandon reprend vie

    Claire Rosemberg
    Un collectif d’artistes s’est installé dans un immeuble à l’abandon dont la cour abrite l’ancien gymnase d’entraînement de Marcel Cerdan.
  • Histoire

    Le 18e sur grand écran

    Dominique Delpirou
    Second épisode de notre série consacrée aux tournages réalisés dans le 18e. Avec la couleur sont arrivés les films à succès et les budgets croissants du cinéma. De La Grande Vadrouille à Mesrine, L’Ennemi public n° 1, en passant par Les Ripoux ou Monsieur Batignole, l’arrondissement continue d’attirer les réalisateurs.
  • Les Gens

    « Marx Dormoy m’a fait aimer paris a nouveau »

    Catherine Portaluppi
    Lola Lafon est dans la vie comme sur la photo : présente et discrète, en équilibre et sur le fil, courtoise mais sans sourire inutile. Son dernier roman, Chavirer, est sur la liste finale des prix littéraires de la rentrée. Rencontre en terrasse.

n° 330

octobre 2024