Journal d’informations locales

Le 18e du mois

février 2025 / La vie du 18e

PÔLES DE SANTÉ : FERMETURES ANNONCÉES

par Annie Katz

Alors qu’à Paris, seuls 20 % des médecins spécialistes consultent sans dépassement d’honoraires, deux centres de santé de proximité accessibles à tous sont conduits à la fermeture pour des motifs de rentabilité.

Les riverains de la rue Pajol ont été stupéfaits d’apprendre à la fin de l’été, que le centre de santé Marie-Thérèse devait prochainement cesser d’accueillir des patients, puis de constater sa fermeture effective au 31 octobre dernier. En effet, cette association sans but lucratif avait ouvert cet établissement médical et dentaire en 2016, il y a seulement huit ans, à l’angle de la rue Romy Schneider.

Dans un communiqué de presse, l’association explique qu’elle a dû faire face à des « défis insurmontables » notamment des « difficultés à fidéliser les équipes », le turn-over élevé du personnel affectant « la stabilité et la continuité des soins ». Elle évoque également des difficultés à recruter des praticiens par « manque d’attractivité » ainsi qu’un refus d’agrément des contrats médicaux par le Conseil de l’ordre. D’où des problèmes financiers, « malgré une demande croissante de patients, à laquelle nous ne pouvons plus répondre en secteur 1. »

L’association affirme avoir tenté plusieurs démarches, en particulier auprès de la direction générale de l’offre de soins (DGOS) du ministère de la Santé, des Mairies du 18e et de Paris. Apparemment, sans résultat. Ainsi, « dans le souci d’assurer une continuité des soins » la plupart des activités ont été transférées au centre de santé de l’association dans le 20e, des propositions de reclassement devant être faites aux membres de l’équipe pour y exercer.

Objectifs de rentabilité

Dans le proche 19e, rue de Tanger, une autre structure médicale est en danger de fermeture. La Caisse régionale d’assurance maladie d’Île-de-France (Cramif) gestionnaire de ce centre, a annoncé fin novembre aux personnels, une « réorganisation » entraînant la fermeture de neuf spécialités : radiologie, kinésithérapie, dermatologie, gastro-entérologie, rhumatologie, néphrologie, ophtalmologie, endocrinologie, chirurgie viscérale et orthopédique. Conséquence, la suppression de 25 postes et un grand pas vers la fermeture de cet établissement qui accueille chaque année 30 000 patients qui bénéficient de tarifs en secteur 1 et du tiers-payant.

Selon la Cramif, ce plan a « pour objectif d’accélérer le redressement financier de la structure, la situation étant devenue incompatible avec notre capacité de financement dans la durée. » Des raisons purement budgétaires, alors qu’elle reconnaît par ailleurs qu’il s’agit d’une « structure socialement mixte qui entre dans sa vocation d’accès aux soins pour tous » puisque 30 % des patients sont en situation précaire.

En réponse à la lettre que lui ont adressée Danièle Obono, députée des 18e et 19e et quatre de ses collègues LFI-NFP, le directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie évoque les « difficultés financières », les « déficits structurels majeurs », après avoir rappelé que « l’accès aux soins est une priorité de l’assurance maladie » et son « souci de garantir un accès équitable et de qualité aux soins pour tous »...

La mobilisation s’organise : une pétition en ligne a été lancée à l’initiative de patients, professionnels et habitants du quartier, un rassemblement devant la Cramif et une réunion publique à la mairie du 19e étaient prévus fin janvier.

Dans le même numéro (février 2025)

  • Au sommaire

    Liberté, égalité, sororité !

    Notre deuxième numéro de l'année 2025 est l'occasion de célébrer la sororité dans le 18e. Pour cela, nous nous sommes rendus à la Maison des femmes de l’hôpital Bichat, mais aussi dans le quartier de la porte de Montmartre, où des femmes tentent de se réapproprier l’espace public. Sans oublier les terrains de foot du Five Paris 18 sur lesquels s’entraînent les jeunes pousses de l’association Graines de footballeuses.
  • La vie du 18e

    UN REFUGE POUR LES FEMMES À BICHAT

    Dominique Boutel
    À l’instar de la Maison des femmes de Saint-Denis, celle de l'hôpital Bichat accueille les femmes victimes de violences et leur propose un suivi médical individualisé mais aussi juridique et judiciaire.
  • La vie du 18e

    LE BOOM DES FAST-FOODS

    Maxime Renaudet
    Si la cohabitation avec les établissements de restauration rapide est parfois difficile, notre arrondissement fait-il réellement face à une augmentation des fast-foods ? Si oui, qu’est-il possible de faire pour la ralentir ?
  • Evangile

    LA CHAPELLE : ALERTE, OEUVRE D’ART EN PÉRIL

    Jean Serillin, Maxime Renaudet
    L'oeuvre du mosaïste et sculpteur Charles Gianferrari est menacée par des futurs immeubles de la ZAC Chapelle Charbon. Alors que le petit-fils de l’artiste et un groupement de locataires ont proposé des solutions alternatives, les discussions avec l’aménageur et la Ville sont au point mort.
  • Porte Montmartre

    À L’ACCORDERIE, SAVOIRS ET SAVOIR-FAIRE EN PARTAGE

    Dominique Boutel
    Chacun possède des richesses et des savoir-faire à partager. Les échanger renforce les solidarités naturelles et développe le pouvoir d’agir à travers des services mutuels.
  • Porte Montmartre

    POUVOIR ENFIN SORTIR SANS PEUR

    Maxime Renaudet
    En février, deux marches exploratoires sont organisées par des femmes du quartier. Leur objectif : établir un rapport pour améliorer l’égalité des genres dans l’espace public et se réapproprier ce dernier.
  • Sport

    DES FOOTBALLEUSES QUI ONT LA GAGNE

    Vivien Boyibanga
    Exemples de réussite, des associations et sportifs se sont surpassés pour décrocher des victoires. Ce mois-ci, coup de projecteur sur Graines de footballeuses et la Kerner Team, dont l’armoire à trophées est désormais bien remplie.
  • Histoire

    Chez Moune : histoire d’un cabaret lesbien

    Dominique Delpirou
    Le cabaret a toujours été une histoire d’hommes pour les hommes. Pour que les femmes y jouent un autre rôle que dévêtues et objets de plaisir, il a fallu attendre Lulu de Montparnasse dans les années 20 et, au milieu des années 30 à Pigalle, Madame Moune. Des cabarets ouvertement lesbiens.
  • Les Gens

    Florencia Avila ou l’éloquence du geste

    Laurence VITALIS
    Ancienne élève de Marcel Marceau, la mime Florencia Avila habite le monde poétiquement et le quartier Simplon en particulier. Elle y partage son art du langage silencieux.

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N° 338- juin 2025