Alors qu’à Paris, seuls 20 % des médecins spécialistes consultent sans dépassement d’honoraires, deux centres de santé de proximité accessibles à tous sont conduits à la fermeture pour des motifs de rentabilité.
Les riverains de la rue Pajol ont été stupéfaits d’apprendre à la fin de l’été, que le centre de santé Marie-Thérèse devait prochainement cesser d’accueillir des patients, puis de constater sa fermeture effective au 31 octobre dernier. En effet, cette association sans but lucratif avait ouvert cet établissement médical et dentaire en 2016, il y a seulement huit ans, à l’angle de la rue Romy Schneider.
Dans un communiqué de presse, l’association explique qu’elle a dû faire face à des « défis insurmontables » notamment des « difficultés à fidéliser les équipes », le turn-over élevé du personnel affectant « la stabilité et la continuité des soins ». Elle évoque également des difficultés à recruter des praticiens par « manque d’attractivité » ainsi qu’un refus d’agrément des contrats médicaux par le Conseil de l’ordre. D’où des problèmes financiers, « malgré une demande croissante de patients, à laquelle nous ne pouvons plus répondre en secteur 1. »
L’association affirme avoir tenté plusieurs démarches, en particulier auprès de la direction générale de l’offre de soins (DGOS) du ministère de la Santé, des Mairies du 18e et de Paris. Apparemment, sans résultat. Ainsi, « dans le souci d’assurer une continuité des soins » la plupart des activités ont été transférées au centre de santé de l’association dans le 20e, des propositions de reclassement devant être faites aux membres de l’équipe pour y exercer.
Objectifs de rentabilité
Dans le proche 19e, rue de Tanger, une autre structure médicale est en danger de fermeture. La Caisse régionale d’assurance maladie d’Île-de-France (Cramif) gestionnaire de ce centre, a annoncé fin novembre aux personnels, une « réorganisation » entraînant la fermeture de neuf spécialités : radiologie, kinésithérapie, dermatologie, gastro-entérologie, rhumatologie, néphrologie, ophtalmologie, endocrinologie, chirurgie viscérale et orthopédique. Conséquence, la suppression de 25 postes et un grand pas vers la fermeture de cet établissement qui accueille chaque année 30 000 patients qui bénéficient de tarifs en secteur 1 et du tiers-payant.
Selon la Cramif, ce plan a « pour objectif d’accélérer le redressement financier de la structure, la situation étant devenue incompatible avec notre capacité de financement dans la durée. » Des raisons purement budgétaires, alors qu’elle reconnaît par ailleurs qu’il s’agit d’une « structure socialement mixte qui entre dans sa vocation d’accès aux soins pour tous » puisque 30 % des patients sont en situation précaire.
En réponse à la lettre que lui ont adressée Danièle Obono, députée des 18e et 19e et quatre de ses collègues LFI-NFP, le directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie évoque les « difficultés financières », les « déficits structurels majeurs », après avoir rappelé que « l’accès aux soins est une priorité de l’assurance maladie » et son « souci de garantir un accès équitable et de qualité aux soins pour tous »...
La mobilisation s’organise : une pétition en ligne a été lancée à l’initiative de patients, professionnels et habitants du quartier, un rassemblement devant la Cramif et une réunion publique à la mairie du 19e étaient prévus fin janvier.