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avril 2021 / La vie du 18e

C’est l’électrique qui flambe

par Florianne Finet

L’utilisation croissante des vélos à moteur s’est traduite par de nombreuses pannes et une forte hausse des dépenses de maintenance. La Mairie envisage un ajustement des tarifs.

L’engouement des Parisiens et des banlieusards pour les vélos électriques en libre-service installés en 2018, ne semble pas avoir été anticipé par le prestataire, Smovengo. Résultat, de nombreuses machines en mauvais état voire inutilisables dans les stations et une explosion des coûts d’exploitation. Près de 1 000 vélos au total sont réparés tous les jours dans les ateliers.

Après d’âpres négociations, la Mairie de Paris et les 55 autres communes franciliennes adhérentes au syndicat Autolib’-Vélib’ métropole ont accepté de verser jusqu’à six millions d’euros supplémentaires par an au prestataire. Une rallonge qui servira à acheter de nouveaux vélos électriques – pour atteindre 40 % du total des Vélib’ - et améliorer la qualité de la flotte. En revanche, le devenir des batteries en fin de vie n’a pas été mentionné.

Manque de transparence

Smovengo s’est aussi engagé à améliorer l’information sur les vélos disponibles en station et à faciliter le signalement des deux-roues défectueux. Il devrait être possible à l’avenir d’attacher sa monture à côté d’une station si celle-ci est pleine, comme lorsque JCDecaux gérait ce service. Un temps évoquée, l’introduction de publicité sur les vélos et les stations a été rejetée.

Bien qu’il s’agisse d’un service public, financé par l’impôt, difficile de connaître le contenu exact de l’avenant au marché public signé mi-février par la Mairie. Le nombre et le type de pannes recensées restent par exemple confidentiels. Dans l’opposition, on ne manque pas de dénoncer le manque de transparence de la municipalité. Le conseiller de Paris, élu du 18e, Pierre-Yves Bournazel (Groupe indépendants et progressistes) a récemment demandé le lancement d’un audit pour connaître la situation financière exacte du prestataire.

De son côté, l’association d’usagers Paris en selle regrette la faible prise en compte de l’avis des 420 000 abonnés au service. « Aucune réunion avec les associations et l’opérateur n’a eu lieu depuis un an et demi et le comité usagers vient tout juste d’être relancé. Pourtant, travailler collectivement sur les moyens d’améliorer le service bénéficierait à tous », assure Camille Hanuise, directrice de Paris en selle. Elle ne souhaite d’ailleurs pas accabler Smovengo, insistant sur le caractère inédit du déploiement d’un grand nombre de vélos électriques en location sur un grand territoire : « Ils ont essuyé les plâtres. »

Modulation des tarifs

Parallèlement, pour inciter les cyclistes à privilégier les VAE sur de longs trajets, entre Paris et la banlieue notamment, au lieu de s’en servir pour parcourir un ou deux kilomètres, la Mairie de Paris souhaite revoir certains tarifs. « Cela ne se traduira pas forcément par une hausse des prix mais par une modulation selon la distance parcourue », prévient Antoine Dupont, l’adjoint au maire du 18e chargé des mobilités. Paris en selle n’est pas opposé à une augmentation des tarifs, actuellement très bas, si cela permet d’améliorer la qualité. Il suffit de débourser 2 € pour se laisser (quasiment) porter pendant trente minutes et l’abonnement électrique dépasse à peine les 8 € par mois. L’association propose aussi de créer un nouveau tarif destiné aux trajets longs – une heure – qui sont amenés à se multiplier avec l’implantation de nouvelles stations en dehors de la capitale. « Nous aimerions retrouver les minutes bonus pour les utilisateurs qui font l’effort de déposer leur deux-roues en haut d’une côte, sur la butte Montmartre par exemple », ajoute Camille Hanuise. « C’est un bon moyen de mieux répartir les vélos dans tout l’arrondissement et d’améliorer le quotidien des usagers. » •

Photo : Thierry Nectoux

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