Journal d’informations locales

Le 18e du mois

Abonnement

FacebookTwitter

février 2021 / Grandes carrières

Une entreprise bien culottée

par Dominique Boutel

« Osez être culottée », « Il est temps de changer les règles », telle est la communication d’une petite entreprise bien implantée depuis deux ans dans l’arrondissement et qui a le souci de préserver la santé aussi bien que la nature.

Ethan Dahan, 24 ans, est à la tête d’une entreprise florissante. La culotte parisienne : 15 employés (tous en CDI), des locaux, ateliers et bureaux (dans le quartier des Grandes Carrières), des idées d’optimisation à profusion et des commandes qui ne cessent de croître. Et ce, en moins de deux ans d’existence. Car il ne s’agit pas de n’importe quelles culottes, mais de culottes dites menstruelles. Ce mot, qui fait encore frémir les générations précédentes (on ne parle pas facilement du corps intime de la femme, et tout particulièrement de la question des règles), ne pose aucun problème au jeune homme. Il n’a pas hésité à éduquer toute sa famille, père, oncle, parties prenantes du lancement de l’affaire, et ses amis à aborder simplement le sujet.

« L’idée est née avec ma petite sœur, qui a eu du mal à trouver la protection hygiénique idéale, mais le projet a démarré surtout à cause d’une de mes amies victime d’un syndrome du choc toxique, à cause d’un tampon oublié, et à la suite duquel elle a été amputée des deux jambes. »

Tout le monde ne le sait pas, mais la problématique ancestrale des protections hygiéniques se pose depuis quelques années en terme d’écologie, de confort et de santé : tampons bardés de produits toxiques, serviettes jetables qui polluent, imperméabilité douteuse, gênante pour des femmes qui travaillent, etc. Sans parler des personnes handicapées, à tous les âges, par des fuites urinaires. Ethan et son équipe se sont attelés au problème afin de trouver les matières les plus éco-responsables, anti-allergènes et, si possible, de fabrication française.

Un produit entièrement naturel

Le coton qu’utilise La culotte parisienne est un coton bio, certifié Oeko-tex ou Gots, que la société fait elle-même tisser en Italie. Il est teint – pour l’instant en noir – dans une usine spécialisée à Roanne. Celle-ci travaille à créer une gamme de couleurs n’utilisant pas la poudre d’argent qui sert en général à les fixer et est très polluante. La « couche » est en fibre d’eucalyptus, du Tencel, moins consommatrice d’eau que le bambou. Et depuis peu, certains modèles sont agrémentés de dentelle, fabriquée dans le nord de la France.

Et pas question de céder aux sirènes commerciales pour diminuer les exigences écologiques. Clémentine, chargée de la commercialisation, encore étudiante en énergie renouvelable et sauvegarde des océans, veille au grain. L’acheminement lui aussi respecte, en priorité, l’environnement puisque, la plupart des ventes se faisant en ligne, c’est le service de La Poste qui en est chargé.

Des commandes à tout-va

Fonctionnant sans subventions, ouverte à la diversité, l’entreprise a joyeusement donné aux différents modèles en vente les noms des grand-mères de la famille, Yvonne, Georgette... Néanmoins, elle a été heureuse de recevoir une dotation de 2 000 € de la Ville, en remportant le premier prix de l’innovation du concours Fabriqué à Paris. Pas étonnant que La culotte parisienne ait obtenu l’été dernier une commande importante de Naturalia : 10 000 culottes à fabriquer en moins de deux mois. Pari tenu !

« Si vous en avez cinq, et que vous les utilisez bien, elles peuvent durer sept ans ! » sourit Ethan. Une sacrée économie à tout point de vue ! Et bientôt… un nouveau modèle low cost. A suivre, les filles !

Vente exclusivement en ligne : laculotteparisienne.com. A partir de 26 euros

Photo : Jean-Claude N’Diaye

Dans le même numéro (février 2021)

  • Le dossier du mois

    Sorties de crise incertaines

    Annie Katz, Danielle Fournier, Mehdi Bouttier
    C'est peu dire que la crise sanitaire n'a pas placé ce début d'année sous les meilleurs auspices ! Souffrance des étudiants précarisés et isolés, difficultés de la vaccination malgré l'engagement de tous les acteurs de santé. Pourtant un peu d'humour, grâce au regard acéré d'un artiste en herbe, à propos des gestes-barrières.
  • La vie du 18e

    La place du village se réinvente en ligne [Article complet]

    Florianne Finet
    Le confinement a donné un nouvel élan au groupe d’entraide entre voisins du 18e sur Facebook, qui compte désormais près de 12 000 membres.
  • La vie du 18e

    Des écoliers à la rencontre de l’art contemporain

    Dominique Boutel
    Dans le cadre du programme Une œuvre à l’école, le Fonds d’art contemporain-Paris Collection prête des œuvres aux établissements scolaires. Cette cohabitation n’est-elle pas la meilleure façon de sensibiliser les jeunes esprits à la création ?
  • La vie du 18e

    Lycée Rabelais : saison 4, le retour

    Danielle Fournier
    Le « rapatriement » d’une partie des élèves dans le 18e programmé pour le 1er mars aura-t-il lieu ? Cela dépendra de l’issue du bras de fer entre la Ville de Paris et la Région Ile-de-France.
  • Sorties de crise incertaines

    Etudiants, l’année de tous les risques

    Mehdi Bouttier
    Entre fermeture des universités, cours à distance, isolement, augmentation de la précarité, troubles psychologiques, les étudiants souffrent des mesures prises pour contrer la pandémie. Dans le 18e arrondissement, l’atmosphère est particulièrement tendue.
  • Sorties de crise incertaines

    Vaccins : ni les flacons, ni l’ivresse

    Annie Katz
    Tous les acteurs de santé et leurs partenaires sont mobilisés pour accueillir les personnes souhaitant se faire vacciner contre le coronavirus. Il ne manque plus que les doses adéquates.
  • Sorties de crise incertaines

    Obtenir un rendez-vous : le parcours du combattant

    Marie-Odile Fargier
    Centres d’appel surchargés, liens Internet activés tardivement et surtout manque de doses : il faut être aussi chanceux qu’obstiné pour décrocher un rendez-vous à Paris.
  • Montmartre

    Le vidéo-club de la Butte : un vrai cinéma de quartier

    Monique Loubeski
    Un vidéo-club est-il un commerce essentiel ? Les riverains de la rue Caulaincourt ont répondu un grand OUI à cette question. En créant et alimentant une cagnotte en ligne, ils ont permis à ce petit bout de Paris malmené par la crise de ne pas sombrer.
  • Simplon

    Feu vert pâle du Conseil de Paris à un projet controversé

    Dominique Gaucher
    Le réaménagement du centre de remisage et de maintenance des bus de la RATP, certes nécessaire pour accueillir dès 2025 des véhicules propres, est aussi l’occasion de bâtir au-dessus d’une dalle de recouvrement jusqu’à neuf étages de logements sociaux, résidence en coliving, commerces, etc.
  • Histoire

    Les demoiselles du téléphone du central Marcadet

    Annick Amar
    Avant l’automatisation définitive du réseau français, des centraux téléphoniques hébergeaient de nombreux employés. Ce personnel qualifié était essentiellement constitué des « demoiselles du téléphone », jeunes filles célibataires corvéables à merci.
  • Les Gens

    « On est là pour le frisson »

    Dominique Boutel
    Implantés dans le quartier de la Goutte d’Or depuis plus de trente ans, Patrick et Louise Marty donnent le goût de la musique et du spectacle vivant en mettant le plaisir en première ligne.

n° 230

octobre 2024