« Osez être culottée », « Il est temps de changer les règles », telle est la communication d’une petite entreprise bien implantée depuis deux ans dans l’arrondissement et qui a le souci de préserver la santé aussi bien que la nature.
Ethan Dahan, 24 ans, est à la tête d’une entreprise florissante. La culotte parisienne : 15 employés (tous en CDI), des locaux, ateliers et bureaux (dans le quartier des Grandes Carrières), des idées d’optimisation à profusion et des commandes qui ne cessent de croître. Et ce, en moins de deux ans d’existence. Car il ne s’agit pas de n’importe quelles culottes, mais de culottes dites menstruelles. Ce mot, qui fait encore frémir les générations précédentes (on ne parle pas facilement du corps intime de la femme, et tout particulièrement de la question des règles), ne pose aucun problème au jeune homme. Il n’a pas hésité à éduquer toute sa famille, père, oncle, parties prenantes du lancement de l’affaire, et ses amis à aborder simplement le sujet.
« L’idée est née avec ma petite sœur, qui a eu du mal à trouver la protection hygiénique idéale, mais le projet a démarré surtout à cause d’une de mes amies victime d’un syndrome du choc toxique, à cause d’un tampon oublié, et à la suite duquel elle a été amputée des deux jambes. »
Tout le monde ne le sait pas, mais la problématique ancestrale des protections hygiéniques se pose depuis quelques années en terme d’écologie, de confort et de santé : tampons bardés de produits toxiques, serviettes jetables qui polluent, imperméabilité douteuse, gênante pour des femmes qui travaillent, etc. Sans parler des personnes handicapées, à tous les âges, par des fuites urinaires. Ethan et son équipe se sont attelés au problème afin de trouver les matières les plus éco-responsables, anti-allergènes et, si possible, de fabrication française.
Un produit entièrement naturel
Le coton qu’utilise La culotte parisienne est un coton bio, certifié Oeko-tex ou Gots, que la société fait elle-même tisser en Italie. Il est teint – pour l’instant en noir – dans une usine spécialisée à Roanne. Celle-ci travaille à créer une gamme de couleurs n’utilisant pas la poudre d’argent qui sert en général à les fixer et est très polluante. La « couche » est en fibre d’eucalyptus, du Tencel, moins consommatrice d’eau que le bambou. Et depuis peu, certains modèles sont agrémentés de dentelle, fabriquée dans le nord de la France.
Et pas question de céder aux sirènes commerciales pour diminuer les exigences écologiques. Clémentine, chargée de la commercialisation, encore étudiante en énergie renouvelable et sauvegarde des océans, veille au grain. L’acheminement lui aussi respecte, en priorité, l’environnement puisque, la plupart des ventes se faisant en ligne, c’est le service de La Poste qui en est chargé.
Des commandes à tout-va
Fonctionnant sans subventions, ouverte à la diversité, l’entreprise a joyeusement donné aux différents modèles en vente les noms des grand-mères de la famille, Yvonne, Georgette... Néanmoins, elle a été heureuse de recevoir une dotation de 2 000 € de la Ville, en remportant le premier prix de l’innovation du concours Fabriqué à Paris. Pas étonnant que La culotte parisienne ait obtenu l’été dernier une commande importante de Naturalia : 10 000 culottes à fabriquer en moins de deux mois. Pari tenu !
« Si vous en avez cinq, et que vous les utilisez bien, elles peuvent durer sept ans ! » sourit Ethan. Une sacrée économie à tout point de vue ! Et bientôt… un nouveau modèle low cost. A suivre, les filles !
Vente exclusivement en ligne : laculotteparisienne.com. A partir de 26 euros
Photo : Jean-Claude N’Diaye