Difficile à croire et pourtant... le magasin emblématique de la marque au vichy rose et aux lettres bleues devrait fermer définitivement ses portes à la fin de l’année.
L’annonce est tombée début juillet : le groupe GPG, présidé par Philippe Ginestet, liquide l’ensemble des magasins Tati, repris par l’enseigne GiFi en 2019, y compris le vaisseau amiral du 18e, alors qu’il avait assuré vouloir le conserver. Seules restent à Barbès, Tati Mariage et Tati Destockage... jusqu’à quand ? La direction invoque les grèves de décembre 2019 et la crise sanitaire qui auraient entraîné « une baisse de 60 % de ses ventes entre le 1er octobre 2019 et le 31 mai 2020 par rapport à la même période de l’année précédente ». Version contestée par la fédération CGT du commerce et des services qui rappelle, dans un communiqué, qu’en 2017, Philippe Ginestet avait présenté devant le tribunal de Bobigny un plan prétendant sauvegarder 1 428 emplois et reprenant, contraint et forcé, le magasin de Barbès. A l’époque, la CGT avait alerté sur le manque de stratégie et d’investissement du projet.
Priorité à l’emploi
En 2019, un premier plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) a supprimé 188 postes et la quasi-totalité des magasins sont passés sous enseigne GiFi. Les grèves et le coronavirus sont un « piètre prétexte » pour un bilan désastreux, insiste le syndicat.
Le sort des 34 salariés est en négociation, dans le cadre d’un nouveau PSE. « L’emploi est la priorité et les reclassements sont préférés aux primes de fin de carrière, notamment pour les vendeuses proches de la retraite et ayant beaucoup d’ancienneté » précise Céline Carlen, responsable de l’union syndicale CGT Commerce de Paris. Des congés de transition, plus longs, seront proposés pour atteindre l’âge de départ. Des formations seront mises en place car les salariés ont une compétence quasi exclusive dans le textile et les magasins GiFi sont spécialisés dans les objets de décoration, la vaisselle, etc., dont la présentation et la vente sont très différentes de celles acquises chez Tati. Parmi les salariés repris par GiFi, beaucoup n’avaient pas pu rester. Les reclassements devraient se faire par petits groupes, afin de conserver des collectifs de travail et de ne pas isoler des personnes déjà fragilisées.
Dans le collimateur
Même si elle n’a aucun pouvoir juridique pour intervenir, la Mairie de Paris suit de près cette affaire. « Paris rappellera toujours aux entreprises leurs responsabilités envers leurs employé.e.s » a twitté Afaf Gabelotaud, adjointe chargée des entreprises, de l’emploi et du développement économique. Elle a toutefois rappelé que si le groupe GPG « ne respecte pas ses engagements... la municipalité lui refusera toute demande d’autorisation nécessaire [pour des projets] dont la Mairie a le pouvoir. » L’élue a également conseillé à la direction du groupe de mettre en place un accompagnement psychologique et personnalisé pour les employés de plus de 50 ans.