L’artiste plasticienne et poète n’illustrera plus les murs de la ville.
MissTic savait ses pochoirs éphémères. « De ceux qu’elle avait posés aux Abbesses, presque tous ont disparu » observe Joël, de la Galerie d’Art, où elle venait peindre régulièrement. Disparu aussi celui de l’ancienne galerie W, au 44 de la rue Lepic. Elle y avait exposé À la vie, A l’Amor, puis Les uns et les unes. Subsistent encore ceux de la rue Véron. Et aujourd’hui, une partie de cet « art mural », ainsi qu’elle le nommait, a heureusement trouvé sa place dans des musées du monde entier. Car créer était devenu sa raison de vivre : « Créer c’est résister ». Résister au malheur qui l’a longtemps traquée. Née dans le 18e, enfant de Montmartre et Château-Rouge, Rhadia Novat à l’état civil part vivre en cité à Orly. Elle devient orpheline à l’âge de seize ans. Puis fuyant un mariage forcé, elle « se planque à Paris », selon Françoise, son amie de toujours, qui ajoute « c’était une survivante ». Elle y prend le goût de la rue et s’y forge le caractère qui va lui permettre de se faire connaître.
Femme attachante et exigeante, « mieux que rien, c’est pas assez », elle a embelli sa vie comme elle a embelli la nôtre, de ses « pépettes » aguicheuses et de ses messages de vie, chargés de poésie et d’humour, qu’elle nous enjoignait de suivre. « Tout achever, sauf le désir. » C’est pour cela qu’elle nous laisse un peu seuls et tristes.