Alors que la concentration des médias et la place de plus en plus grande qu’ils accordent à l’extrême-droite ne sont plus une fiction, d’autres voix médiatiques méritent d’être entendues. Que ce soit au niveau national ou local. Ça tombe bien, depuis 1914, le 18e est un des rares territoires parisiens à manifester une telle activité journalistique locale, notamment en ce qui concerne la presse écrite (voir notre n° 296). Si le papier a perdu en notoriété, il continue de s’illustrer chez nous. En parallèle, de nouveaux médias ont vu le jour. Ce sont des webradios, des webtélés, des sites d’information et parfois même les trois à la fois. Revue d’effectifs de ces médias, petits ou grands, implantés dans notre arrondissement.
Installation de trois groupes de presse
Des magazines nationaux aux journaux locaux, comme le nôtre, en passant par des formats plus insolites, les canards ne manquent pas à l’appel. Dans le 18e, Montmartre est le quartier le plus prolifique en la matière. Car outre Le Chat noir, journal littéraire et satirique fondé en 1882, la Butte a vu naître deux magazines en 2020 : celui de la République de Montmartre, Montmartre en revue et le trimestriel Planet Paris Montmartre, qui n’est autre que le successeur du magazine Montmartre, créé en 1987 avant de devenir Paris Montmartre. Plus original et plus récent encore, le journal de poche thématique Là là là, lancé en 2025, explore le territoire entre La Chapelle et Valentin-Abeille (voir notre n° 333).
La grande nouveauté de ces dernières années réside avant tout dans l’installation de deux groupes de presse dans le 18e. À la porte Montmartre, où Les Inrocks et Radio Nova, propriétés du banquier et homme d’affaires Matthieu Pigasse (également actionnaire du groupe Le Monde) ont posé leurs valises en 2018, mais aussi à la porte de Saint-Ouen qui héberge Unique Heritage Media. Cette entreprise de médias et d’édition publie des magazines pour les enfants, mais aussi Epsiloon, un mensuel d’actualité scientifique lancé en 2021 par d’anciens membres de Science & Vie.
Enfin à Lamarck-Caulaincourt, où le groupe So Press s’est installé en septembre 2020. C’est désormais là qu’il édite ses nombreux magazines : le quinzomadaire Society, les mensuels So Foot et So Film, Tsugi (sur la musique) ou les plus occasionnels Tampon (sur le rugby) et Pédale. Le groupe de presse indépendant possède également une régie publicitaire et une société de production de films. Il a même lancé récemment Society +, une plateforme de documentaires en ligne.
Radio et vidéo
Dignes héritières des radios libres du début des années 80, les radios ne sont pas en reste car on n’en compte pas moins de cinq depuis la fermeture de Vivre FM basé dans le quartier Poissonniers (voir page 5). Hormis Radio Nova qui diffuse depuis 1981 des programmes musicaux éclectiques sur la bande FM, toutes les autres émettent uniquement sur internet. Comme Radio RapTz et XV3 Radio 75 à La Chapelle ou Radio Barbès et 3615 Radio à la Goutte d’Or. Pour la plupart associatives, elles ont chacune leur identité et sont bien plus que des stations de radio. On peut par exemple les croiser sur le terrain lors d’ateliers d’éducation populaire ou aux manettes de soirées musicales.
Pour ce qui est de l’audiovisuel, on retrouve Nogo TV, un média de proximité qui diffuse des programmes sur internet (voir notre n° 318) et Begum TV, une chaîne par et pour les femmes afghanes (lire notre article page 5).
Enfin, des webmédias et des sites d’information proposant différents types de formats ont vu le jour depuis l’avènement du journalisme numérique. Parmi eux, le média local Goutte d’Or & Vous, animé depuis 2017 par l’association Salle Saint-Bruno, Oldyssey qui propose un nouveau regard sur la vieillesse par l’intermédiaire de vidéos et de podcasts (voir notre n° 326), ou Quartier général. Lancé en 2019 par Aude Lancelin, ex-directrice adjointe de la rédaction de L’Obs puis de Marianne, le site propose des articles d’actualité mais aussi des vidéos-débats tournées à la Maison de la conversation.
Le numérique a la cote
Si la quasi-totalité des médias recensés sont présents sur les réseaux sociaux – bien souvent pour promouvoir leurs contenus –, d’autres acteurs s’en servent aussi pour diffuser une information de qualité. C’est le cas des Talents du 18, une association qui met en avant les réussites culturelles, professionnelles et sportives de notre arrondissement. Alimentés par Vivien Boyibanga, également rédacteur au 18e du mois et consultant sportif sur Beur FM et IRM Radio, les réseaux sociaux et le site internet des Talents du 18 permettent de suivre l’actualité locale sous un angle nouveau.
Espérons désormais que tous ces médias sauront créer des ponts et collaborer entre eux. Et qui sait, peut-être en retrouverons-nous certains dans la future Maison des médias libres du 70 boulevard Barbès ?

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