Journal d’informations locales

Le 18e du mois

mai 2025 / Dossier médias

Boulevard Barbès : UNE MAISON DES MÉDIAS LIBRES

par Maxime Renaudet

Initialement prévue dans le 11e arrondissement, la Maison des médias libres va voir le jour dans le quartier de Château Rouge fin 2026.

Dix ans après les premières réflexions sur la création d’une Maison des médias libres à Paris, le projet va se concrétiser et s’implanter au 70 boulevard Barbès. Dans un bâtiment de 4 238 m2 construit à l’origine pour accueillir la section de quartier de la Compagnie parisienne de distribution d’électricité. À l’intérieur, seront aménagés trois étages de bureaux en open spaces, un sous-sol de studios de radio et de télévision et un rez-de-chaussée ouvert au public avec un café-librairie, des espaces de réunion, de conférence et de coworking.

Accompagné par « le millionnaire de gauche » Olivier Legrain, qui a fait fortune dans l’industrie, un collectif de médias indépendants avait vu sa candidature rejetée en 2018. Ils visaient, dans le cadre de l’appel à projet « Réinventer Paris 2 », l’occupation d’un ancien poste de transformation électrique situé boulevard Charonne (11e).

À l’époque, la coalition comptait plus de 80 structures et médias partenaires comme Mediapart, Blast, Basta !, Les Jours, SoPress, Politis, Reporterre, Street Press ou encore Alternatives économiques, La Revue dessinée et Le Monde diplomatique. L’objectif était alors de créer « un lieu public de rencontre et d’échange, d’exposition et de formation autour du journalisme, et un lieu professionnel proposant des locaux à des médias unis par la défense de l’indépendance et de la liberté de l’information ».

Vivre et enquêter ensemble

Le projet aurait pu donc ne jamais voir le jour. Mais le 25 juin 2024, le Conseil de Paris a voté, à l’unanimité, la vente du bâtiment du 70 boulevard Barbès à un collectif composé d’Olivier Legrain et de la foncière Bellevilles qui réhabilite d’anciens logements, commerces ou espaces d’activités afin d’y développer des projets en lien avec l’économie sociale et solidaire.

Si certains médias comme Mediapart ne font plus partie aujourd’hui de l’aventure, cette dernière a toujours la même visée : renforcer l’écosystème des médias indépendants porteurs de valeurs de pluralisme. « Je n’ai pas les moyens d’acheter des médias, et je n’ai pas du tout envie de faire ça, confiait Olivier Legrain au micro de France Inter fin mars. J’ai envie que ces gens-là, qui sont des petits médias, aient des conditions d’accueil, puissent vivre et faire des enquêtes ensemble et porter une sorte de contre-pouvoir ».

L’homme d’affaires français, qui se définit comme « un pauvre petit millionnaire qui met une grande partie de son patrimoine dans un projet », a révélé que le permis de construire venait d’être déposé. Par conséquent, les travaux devraient bientôt pouvoir commencer boulevard Barbès, pour une livraison prévue en octobre 2026. Toutefois, Olivier Legrain a laissé entendre sur les ondes que la Maison des médias libres pourrait ne voir le jour qu’en 2027.

Pour l’heure, difficile donc de savoir la date exacte d’ouverture de cette maison inédite ou l’identité des médias qui l’occuperont. D’autant que nous ne sommes pas encore parvenus à nous entretenir avec une des coordinatrices du projet. Mais promis, on en reparle très bientôt.

Photo : Maxime Renaudet

Dans le même numéro (mai 2025)

  • Au sommaire

    Les médias dans le 18e

    Le journalisme peut-il encore se faire entendre face à la fragmentation de l’information et à la montée des influenceurs ? Cette question était au centre de la soirée de débats et d’échanges à laquelle nous avons été invités fin mars. Organisée par la Maison de la conversation et les Éditions du Faubourg, elle nous a donné l’idée de préparer un dossier sur les médias dans le 18e. Et pour cause, ils sont bien plus nombreux qu’on ne le pense, comme en atteste la cartographie que nous avons réalisée. Ce dossier est l’occasion de rendre hommage à Vivre FM qui a cessé d’émettre récemment, d’évoquer la future Maison des médias libres qui s’implantera dans notre arrondissement et de vous emmener avec nous dans les coulisses de Begum TV, une chaîne de télé par et pour les femmes afghanes. Comme quoi, même s’il y a péril sur l’information, le journalisme de qualité est encore loin d’être enterré.
  • Dossier médias

    Inventaire des rédactions et des studios

    Maxime Renaudet
    Notre arrondissement abrite plus d’une vingtaine de médias. D'une grande diversité, ils réinventent à leur manière la diffusion de l’information.
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    Sandra Mignot
    Le 18e abrite les discrets studios d’une télévision conçue à l’intention des femmes d’Afghanistan dont les droits les plus élémentaires sont bafoués depuis le retour au pouvoir des Talibans. Les programmes sont fondés sur l’éducation, la santé et la culture.
  • La vie du 18e

    LIBERTO PLANAS, MAÎTRE LUTHIER CONCERTISTE

    Catherine Masson
    Franchir la porte de l’atelier de Liberto Planas, entre Barbès et Montmartre, transporte dans un autre monde. Des dizaines d’instruments anciens à cordes pincées ou frottées, chinés dans les nombreux pays qu’il a visités, y sont exposés. Un véritable musée !
  • La vie du 18e

    MUNICIPALES 2026 : TOP DÉPART POUR DEUX ÉLUS LOCAUX

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    À un peu moins d’un an des municipales, les candidats à la Mairie de Paris sortent du bois. Parmi eux, deux élus du 18e.
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    TROIS CIMETIÈRES SUR LA BUTTE

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    Lieux de promenade et de souvenir, les cimetières Saint-Vincent, du Calvaire et Montmartre ont des étendues, des origines et des histoires bien différentes. Allons-y voir de plus près.
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    Théâtre - Peau d’Âne, sous les apparences

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    Le théâtre du Funambule et la compagnie du Chameau adaptent le conte de Perrault, avec poésie, finesse et humour.
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    Porte Montmartre, la Maison de la musique contemporaine a invité la compositrice Stefania Becheanu à s’installer dans le quartier et à y construire un projet à la fois social et artistique.
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    Mestra Jô-Agnès, la dame de la capoeira

    Jean Serillin
    Depuis trente-deux ans, à travers son association Capoeira Viola, Agnès Brocardi-Alvès essaime ses valeurs humanistes et sportives dans tout l’arrondissement. Elle en est une figure incontournable et indissociable.

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