Concept élaboré par Jamal Ouazzani dans son livre Révolutionner l’amour grâce à la sagesse arabe et/ou musulmane (co-écrit avec Leïla Slimani), la « rhétorique du rideau » est mise à l’honneur à l’Institut des cultures d’islam. La curatrice Inès Geoffroy a réuni six jeunes artistes pour explorer cette notion qui consiste à choisir de montrer ou non, lorsque l’on est arabe et/ou musulman et queer, plutôt que d’opter pour la transparence totale du coming out.
Le ton est donné dès la première pièce où est exposée une œuvre du Marocain Sido Lansari : un grand tissu plissé, découpé en plusieurs laies, sur lequel on peut lire par bribes le manifeste du Lahzem, premier collectif homosexuel arabe et nord-africain en France. En face, un reportage photographique de Marie Zoubian sur une journée de rencontre à Aubervilliers en 2024.
Pour l’artiste plasticien Reda Toufaili Kanaan, cela prend la forme d’une installation où, sous un voilage éclairé en demi-teinte, on devine des gâteaux traditionnels libanais. Dans une vidéo, Emma Bert Lazli entre en dialogue avec son père à propos du foot, un sport qu’elle aurait aimé pratiquer, plutôt que la danse. Dans une série de broderies, Amine Habki ne reproduit que des morceaux de visages ou de corps. Meryam Benbachir va, elle, encore plus loin dans l’effacement, présentant sur tout un mur un texte où n’est inscrite qu’une ponctuation qu’elle seule peut lire et à qui elle veut. Le Belge Medhi Görbüz installe et trace des jardins, jardins secrets mais aussi « jardins de résistance ».
Pour clore ou se remémorer, Sido Lansari revient de façon plus explicite par une teinture brodée et une vidéo souvenir de son enfance. À découvrir pendant deux mois rue Léon.

Éole, un souffle nouveau ?
De l’art sur le gazon
Henri Landier, artiste peintre
Anne Lorient, sage-femme de rue
