À Paris, les biodéchets représentent encore plus de 23 % de nos poubelles. Les composter permet de les recycler pour se chauffer, circuler et fertiliser les cultures.
Les habitants du 18e et plus particulièrement ceux de La Chapelle n’ont plus d’excuses pour continuer de jeter à la poubelle épluchures, restes de repas et produits alimentaires périmés.1 Car, outre les composteurs collectifs déjà présents dans le quartier, l’offre se complète maintenant de collecteurs de déchets alimentaires installés près du marché de l’Olive, côté rue de Torcy, en face de la librairie Le Rideau rouge. « L’emplacement a été validé avec l’opérateur du marché et avec le conseil de quartier comme le plus passant », précise Frédéric Badina, conseiller de Paris, délégué auprès du Maire du 18e chargé de la propreté de l’espace public, du réemploi et de l’économie circulaire et de la campagne de collecte des biodéchets.
Démarche zéro déchet
Initié par la Mairie en partenariat avec l’association Zéro Waste, le projet paraît bien parti. Plusieurs rendez-vous de sensibilisation et d’animation les vendredis et samedis matins au cours du mois de février, animés par les personnels de la propreté et les bénévoles de Zéro Waste, ont permis de renseigner et de motiver les nombreux habitants informés au préalable, les passants curieux et les visiteurs du marché.
Frédéric Badina le confirme : « 91 bio-seaux ont été distribués lors de la première matinée de sensibilisation et déjà pas mal d’apports volontaires ont été effectués. » Au moment où nous écrivons, ces chiffres ont été multipliés par quatre avec « 423 bio-seaux, 846 rouleaux de sacs et 144 apports constatés pendant les interventions et des bornes bien remplies ».
Chaque habitant volontaire est en effet reparti avec un bio-seau et deux rouleaux de sacs compostables dont il se servira pour déposer ses déchets dans les bacs collecteurs. Dommage, les retardataires devront aller les chercher à la division territoriale de la propreté2. Une habitante commente, fort justement, qu’il faudrait « noter sur les bacs qu’il ne faut pas jeter de sac plastique sinon les gens vont faire n’importe quoi ». En effet le plastique « classique » ne se composte pas.
Rouler en bus et fertiliser la terre
Le contenu des trois bacs de 720 litres chacun, sera vidé tous les jours en même temps que les déchets du marché par un professionnel de la valorisation, la société Urbaser Environnement. Ils seront transformés en biogaz pour alimenter le réseau de chauffage urbain et les bus, ainsi qu’en fertilisant distribué aux agriculteurs franciliens.
« L’enjeu est de voir comment fonctionne le dispositif en apport volontaire » et de s’appuyer sur l’expérience du marché Saint-Quentin dans le 10e « qui marche très bien et qui permet d’éviter un tiers des poubelles domestiques ». Et, comme le précise Henri Bonnefont, chargé de communication de la division propreté à la Mairie du 18e, la démarche répond à « l’obligation de 2016 de collecter tous les sites qui dépassent dix tonnes de déchets, comme les marchés et les restaurants collectifs [NDLR : loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte] ».
Anaïs, adepte du compostage collectif, est heureuse de « pouvoir y mettre tout ce qui ne va pas au composteur collectif d’Un coin de Torcy, comme les peaux des oranges et des citrons du petit déjeuner. C’est pratique et complémentaire des composteurs collectifs mais on ne récupèrera pas »l’or noir« , le compost. Là, c’est pour la collectivité et c’est bien aussi mais il faut vraiment que les restaurants et commerçants l’utilisent aussi ! » •