Un petit ilôt de verdure menacé de destruction au mépris de la qualité de vie des riverains.
Placardé sur la grille du 31 rue de La Chapelle, un permis de construire délivré par la Mairie de Paris le 12 février dernier, faisant suite à une délibération votée en 2017 par le Conseil de Paris, annonce la construction d’un bâtiment R+7. Jusque-là rien d’anormal mais la Ville de Paris serait-elle de nouveau prise en flagrant délit de contradiction avec ce qu’elle prône ? Il semble bien car il s’agit purement et simplement de construire un nouvel immeuble sur un jardin existant d’environ 500 m2 attenant à la résidence Parme (Patrimoine résidences meublées) située au fond, le tout vendu par ICF Habitat La Sablière à ICF Habitat Novedis. Clairement délaissé depuis plusieurs mois, il se transforme doucement en friche urbaine. Les buddléjas, les ailantes et les roses trémières s’épanouissent dorénavant en toute liberté à coté des plantes et des arbres d’origine.
Un futur caniculaire
Le Plan Climat de la Ville de Paris1 note pourtant en toute lettre que « le climat de Paris va se modifier au cours du XXIe siècle » et que « d’ici 2050-2070, il faut s’attendre à des étés plus chauds et des canicules plus fréquentes avec des températures moyennes en hausse de 2 °C à 4 °C, tout en précisant que l’été caniculaire de 2003 pourrait bien être un été “ normal ” en 2050 ».
L’Atelier parisien d’urbanisme (APUR) souligne également dans son Cahier #1 : les îlots de chaleur urbains à Paris2 une évidence : « Tout comme l’eau, la végétation possède un impact important sur le climat urbain... les zones les plus fraîches sont celles où la végétation est omniprésente. »
Il est toujours moralement difficile de contester l’utilité d’un immeuble de 28 logements sociaux PLA-I3 sous forme de « pension de famille », même si dans la phase de diagnostic préalable à la révision du PLU en PLU climatique4, il est pourtant relevé (ce que nous savions déjà) que le 18e est plus densément peuplé avec 323 habitants/hectare que le reste de Paris (250). Mais par contre, la présence des plantations y est inférieure à la moyenne parisienne... Cherchez l’erreur !
Qualité de vie
Alors, on bétonne toujours plus au prétexte de construire des logements sociaux ou on prend en compte la qualité de vie des habitants déjà en place pour, comme le clame le Plan Climat cité plus haut, « faire de Paris une ville résiliente qui veille à la qualité de son cadre de vie » ?
Car ce n’est pas l’assurance que « la façade ouest s’assure quant à elle d’un dialogue avec le jardin... » comme le dit joliment l’agence d’architecture North by Northwest architectes, retenue pour le projet qui nous trompera : du jardin il ne restera qu’une portion congrue.
Les riverains pourront toujours se rabattre sur le (petit) jardin de l’impasse de La Chapelle, fermé pratiquement depuis son ouverture et en cours de réfection. Est-il d’ailleurs bien judicieux de le remettre en état maintenant, malgré les travaux qui s’annoncent à côté ?
C’est un petit jardin… de grâce, préservez le ! •