La géologie du sous-sol de notre arrondissement se retrouve, en partie, dans ses monuments, ses trottoirs, ses fontaines et dans son architecture.
Le dernier-né de la collection Balade géologique des éditions Biotope, petit livre d’une trentaine de pages, illustré de cartes géologique, de schémas et de nombreuses photos, nous promène, dessus-dessous, de la porte de Clignancourt au Sacré-Cœur.
Il nous rappelle tout d’abord que la grande caractéristique de notre arrondissement, c’est le gypse, dont l’exploitation, avérée depuis l’Antiquité romaine, culmine pendant l’Empire pour s’arrêter en 1860. C’est dans ces carrières – désormais partiellement comblées – que Cuvier (1769-1832), anatomiste et paléontologue au Muséum national d’histoire naturelle, découvrit les restes fossilisés d’un mammifère semblable à un petit marsupial vivant actuellement en Amérique du Sud. Signe qu’il y a 40 millions d’années, époque où le gypse s’est déposé, le climat qui régnait sur le bassin parisien était tropical, chaud et humide. Fragile et friable, le gypse est peu utilisé comme pierre de construction mais, chauffé, il se déshydrate et se transforme en plâtre, énormément utilisé dans les immeubles parisiens, à tel point qu’on a pu dire qu’« il y a plus de Montmartre dans Paris que de Paris dans Montmartre ».
La toponymie de plusieurs rues, des Saules, de l’Abreuvoir, du Ruisseau et de la Bonne (eau) témoigne quant à elle, principalement sur le côté nord de Montmartre, de la présence d’eau, de zones humides et de nombreuses sources qui alimentaient autrefois la Butte. Elles ont commencé à disparaître dès le XIXe siècle avec le creusement des galeries d’extraction du gypse.
Le calcaire qui se lave tout seul
Autre enseignement, plusieurs types de calcaires, d’âge géologique et de provenance différents, sont visibles dans l’arrondissement. Le calcaire de Saint-Ouen, première couche calcaire sous les formations de gypse, constitue le fond de la tranchée de la Petite-Ceinture, le calcaire lutétien, ou pierre de l’Oise, a, quant à lui, été très utilisé dans les immeubles haussmanniens et pour l’édification de la Mairie tandis que le calcaire de Comblanchien, désormais extrait au sud de Dijon, est utilisé pour le sol des constructions parisiennes depuis le XIXe siècle. Extrait au sud de Fontainebleau, le calcaire de Château-Landon est le plus visible, il domine la butte Montmartre car c’est lui qui donne sa couleur blanche au Sacré-Cœur. Il a en effet la particularité d’être auto-lavant à l’eau. Toutes les parties exposées à la pluie restent blanches tandis que les zones protégées par des encorbellements noircissent à cause de la pollution, c’est ce qui explique ces trainées noirâtres que l’on voit sur la basilique.
A remarquer, place du Tertre, les bordures des trottoirs sont en calcaire lacustre, formé à l’Oligocène soit il y a environ trente millions d’années et non pas en granite comme partout à Paris. Et dans l’église Saint-Pierre de Montmartre, une colonne en grès molassique (qui durcit à l’air) avec des fossiles d’huîtres, unique à Paris. La balade géologique ? Une autre manière de (re)découvrir des lieux connus !