Stéphanie de Fligué, gardienne de la paix au commissariat central, 79 rue de Clignancourt, a les yeux qui brillent et la voix émue en pensant à ce samedi 6 avril, quand elle a aidé une maman à accoucher à l’hôtel de police.
C’était tôt le matin. Fatima Mammar, une habitante du quartier, enceinte de son quatrième enfant, s’est réveillée oppressée. Elle est sortie prendre l’air, suivie de son mari. Prise de contractions subites, elle a trébuché devant le commissariat. Le gardien de faction l’a soutenue et faite entrer. « Là, ce fut vraiment un miracle du destin, raconte Stéphanie. Le collègue s’est rendu compte qu’un bébé arrivait. Il a appelé et nous sommes arrivés, Laurent Decordova et moi, les deux seuls secouristes expérimentés avec formation d’assistance à l’accouchement. »
Les deux jeunes gens − Stéphanie a 27 ans, Laurent 25 − en sont à leur premier poste dans le 18e où ils ont choisi d’exercer, mais ils sont copains depuis six ans. « Tout s’est passé très vite, nous n’avons pas même eu le temps de transporter la mère plus à l’intérieur. Pendant qu’elle se cramponnait à Laurent, j’ai vu le bébé sortir, visage contre terre. Un instant magique. Il était 8 h 15 exactement. »
Dix minutes plus tard, le SAMU est arrivé, le médecin a coupé le cordon et s’est occupé de la maman pendant que Stéphanie berçait l’enfant, une superbe petite fille, 3,990 kg, 50 cm. À 9 h, on les a emmenées à l’hôpital Bichat, où Stéphanie et Laurent sont venus les voir le lendemain, dimanche de Pâques.
Quelques jours plus tard, ce fut le tour de la maman de venir au commissariat présenter à tous le bébé. Une fille que Fatima et Abderhamane son mari, ont tenu à appeler Messaouda-Stéphanie, du nom de la grand-mère et de la sage-femme d’un jour.
Article paru en mai 1996.
Photo : Aurélie Audureau