Plus que jamais mobilisés pour la défense de l’éducation publique, parents et enseignants organisent des veillées en famille dans plusieurs écoles.
Ils sont une cinquantaine, enfants compris, qui occupent tranquillement l’école Houdon pour cette première « Nuit aux écoles » organisée par la FCPE pour protester contre la suppression massive de classes à Paris. Trois écoles du 18e se sont mobilisées ce 11 mai, autour des 180 fermetures prévues en primaire, dont 20 classes dans le 18e. A l’initiative de la FCPE Paris et de la Mairie de Paris, l’idée c’est d’ouvrir quelques écoles par semaine, en soirée. Le 18e fait partie de la première vague.
Alors que rue Cavé, ils occupent depuis plus d’un mois le bureau du directeur, à l’école Budin, les parents se sont installés pour y passer la nuit. A Houdon, les parents ont décidé d’organiser un ciné-club, ouvert à tous à partir de 19 h, précédé d’une présentation des raisons de leur mobilisation. Ils projettent le documentaire Etre et avoir, de Nicolas Philibert, pour montrer à leurs enfants un autre type d’école et leur faire comprendre, peut-être, les objectifs de cette soirée un peu spéciale, la défense du service public.
Pour le maintien de la mixité sociale
Pour Mathieu Sinton, responsable de la section Houdon de la FCPE : « Clairement, cela va plus loin que le prétexte de la baisse démographique. Sur cette école, qui comporte deux dispositifs spécifiques, Ulis pour les enfants handicapés et UPE2A pour ceux qui ne parlent pas français, la fermeture d’une classe en plus (il y en a déjà eu trois en quatre ans), entraînera la disparition de deux classes par niveau et seule une classe accueillera les enfants relevant de ces prises en charge. C’est très lourd pour un enseignant et la mixité, facteur de réussite pour tout le monde, est mise de côté. Nous craignons que les familles qui ont les moyens partent ou que les dispositifs soient supprimés. »
A Houdon, environ un quart de la population situé sur les échelles les plus basses de la Caisse des écoles, a besoin d’un accompagnement et certains enfants viennent des foyers. Les parents se mobilisent pour que cette mixité sociale, contestée par le rectorat, se maintienne. Ce dernier n’a d’ailleurs pas répondu à la demande de rendez-vous. La FCPE propose de revenir sur le nombre massif de fermetures de classes, afin de les stopper sur les trois ans à venir. « On nous parle de 800 classes sur trois ans, ce qui signifie surtout des suppressions de classes d’écoles publiques, alors que dans le privé il n’y a que 17 classes qui ferment. » A ses yeux, le ratio du nombre d’enfants par enseignant, sans tenir compte de la diversité locale, est trop rigide. Il est d’ailleurs bien au-dessus de la moyenne européenne. « Charger des classes, ça ne permet pas de différencier l’enseignement par les niveaux et ça ne donne pas sa chance à tout le monde », insiste Mathieu Sinton.
Ce mouvement entre singulièrement en écho avec le vide de la déclaration du ministre de l’Education concernant l’égalité des chances et la mixité sociale ! Une nouvelle « Nuit aux écoles » est programmée pour le 1er juin. •
Photo : Sandra Mignot