Les œuvres rassemblées au musée de Montmartre proposent une narration nouvelle autour de la carrière du peintre, d’où émerge son lien particulier, intime, à Paris.
Le cheminement au fil des six pièces de la demeure montmartroise dévoile et déroule ses créations sur divers matériaux et formats, dont la cité est la principale inspiratrice.
Originaire de Normandie (il peint aussi Le Havre) et ayant voyagé en diverses régions de France, Dufy débarque gare Saint-Lazare en 1899. Il décrit avec force couleurs la contemporanéité vive d’une époque alors pleine de transformations. Nombre de ses œuvres présentent les détails propres à Paris, qui devenait alors « lumière » (techniquement). Il aime à la parcourir, en glaner les sensations urbaines et populaires. Au gré des pièces de l’exposition, on embrasse vues d’ateliers, d’intérieurs, de personnages, de lieux et natures mortes.
Dès l’entrée de la visite, deux de ses autoportraits nous accueillent. Distants d’une carrière, ils mettent en exergue la détermination affirmée par Dufy de ses choix artistiques.
Suit un aperçu de ses multiples créations d’illustrations, gravures, lithographies, typiques de scènes et décors parisiens d’antan. Puis, on passe parmi sièges, canapé et paravent des manufactures de Beauvais. Une végétale douceur se dégage de ce mariage fabuleux entre savoir-faire et créativité.
Flâneur en lévitation
À l’étage, visions d’extérieurs et périphérie parisiens : les toiles dévoilent des scènes semi-urbaines où canots et maisons résonnent de clameurs humaines. Sur ces impressions joyeuses, on découvre alors la fameuse Fée Électricité (présentée en 1937 à l’Exposition internationale), recouvrant les pans d’une alcôve.
Enfin, quelques œuvres plus tardives dévoilent une autre ville-lumière. Même sujet, sa palette pourtant y est autre ; il traite de la cité entrée dans la modernité. Ses dernières représentations déploient une vision aux contrastes plus accentués.
À défaut de destinations exotiques, cette promenade aérienne – Didier Schulmann, commissaire d’exposition, qualifie l’artiste de « flâneur en lévitation » – dégourdira les sens, avec une nouvelle vision de décors familiers et la version ancienne de décors qui perdurent. •
Image : Adagp, Paris 2021