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avril 2016 / Montmartre

Madame Arthur, un cabaret revisité [Article complet]

par Danielle Fournier

Le célèbre cabaret de la rue des Martyrs a rouvert l’automne dernier après rénovation, avec un nouveau programme.

La déco à l’ancienne, en turquoise, n’est pas une reconstitution mais une création et tout est neuf, à part le poteau central de la micro-scène avec ses facettes. Tout est réinventé mais c’est un vrai cabaret, même s’il ne propose plus de dîner-spectacle !

Un « je-ne-sais-quoi » !

Il porte ce nom depuis que « Monsieur Marcel » l’a relancé en 1948 et en a fait un des plus célè­bres cabarets de transformistes (des hommes travestis en femmes) de l’après-guerre. Mais il y avait déjà un bal au milieu du XIXe siècle, plus tard transformé en brasserie, qui devint Le Divan japonais immortalisé par Toulouse-Lautrec.
En 1892, la direction du Divan ja­ponais change et le nouveau patron, le fantaisiste Maxime Lisbonne, a permis à Yvette Guilbert de chanter… ce qui deviendra son grand succès : « Madame Arthur ». « Madame Arthur est une femme/Qui fit parler d’elle longtemps /Sans journaux, sans puff, sans réclame, /Elle eut une foule
d’amants. (bis)/ Chacun voulait être aimé d’elle, /Chacun la courtisait, pourquoi ?/C’est que, sans être vraiment belle/ Elle avait un je-ne-sais-quoi. »
Tout est là, elle avait un je-ne-sais-quoi ! Et c’est ce qui fera la célébrité du cabaret spécialisé dans les numéros de travestis burlesques, mais aussi dans la chanson de charme. Il paraît même que Serge Gainsbourg y a été pianiste en remplacement de son père en 1952. On retient les noms de quelques artistes de cette époque, la célèbre Maslova, un travesti, ancien danseur classique qui mena la revue durant près de 30 ans, mais aussi Coccinelle, le premier transsexuel français opéré en 1958 ou Capucine et Bambi plus tard.

Pousser la chansonnette

Le nouveau propriétaire, qui a réuni le Divan du monde et Madame Arthur, dirige Commerce et développement, qui à l’origine promouvait des centres commerciaux. La société s’oriente maintenant vers une « activité immobilière social business » dans Paris, comme le Comp­toir général dans le 11e, la Maison des associations de solidarité dans le 13e et Commune image à Saint-Ouen.
Au programme de la première partie des spectacles, French collection, un blind-test de chansons françaises dont le DJ lance les premières notes et où les jeunes, voire très jeunes spectateurs reconnaissent les tubes des années 60 à 80. Mais c’est surtout Plastic Bertrand ou Michelle Torr qui sont à l’honneur, et beaucoup moins Brassens ou Ferré, si vous voulez réviser et avoir une chance de gagner ! La scène est ensuite ouverte à tous ceux qui voudraient pousser la chansonnette, accompagnés au piano ; puis, vers 23 h 30, la troupe de travestis monte sur scène. Ce sont des transformistes, des interprètes masculins capables aussi de changements très rapides. À partir de minuit, le lieu s’ouvre sur le Divan du monde et se transforme en club.

* 75 bis rue des Martyrs.


Photo : © Christian Adnin

Dans le même numéro (avril 2016)