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février 2017 / Clignancourt

André Malraux est né dans le 18e [Article complet]

par Janine Mossuz-Lavau

Montmartre n’a pas oublié André Malraux.

André Malraux est né le 3 novembre 1901 au 53, rue Damrémont. En 1905 ses parents divorcent. Il est alors accueilli avec sa mère à Bondy, dans l’épicerie que tient sa grand-mère maternelle. Le futur écrivain, prix Goncourt en 1933 pour La Condition humaine, y passera son enfance et son adolescence. Mais ses liens avec la Butte ne disparaîtront pas pour autant.
En 1920, féru d’art et de littérature, il rend visite à Max Jacob (1876-1944), qui vit à Montmartre. Il devient un fidèle du poète, qui le met en relation avec les meilleurs artis- tes montmartrois, nombreux à hanter le Bateau Lavoir et les cabarets de l’époque. Il rencontre Pascal Pia, futur poète et journaliste. Tous deux se reconnaissent comme des rebelles, désargentés de surcroît, et vont parfois la nuit chanter dans les cours de la colline des peintres.

Loin de la Butte...

Ayant fait la connaissance de Clara Goldschmidt (1897-1982), qu’il épouse, André Malraux va se tourner vers d’autres lieux, voyager au loin, entreprendre une expédition qui le mènera en Asie où il descellera un temple, sera arrêté, jugé puis finalement libéré après une mobilisation des artistes français, dont un certain nombre de ses amis mont- martrois. Il ne reviendra pas sur les lieux de ses premiers exploits musicaux mais, dans les lieux en question, il n’est pas oublié.

En 2010, une plaque à son nom est installée rue Damrémont. Et, 40 ans après sa mort (survenue en novembre 1976), une cérémonie est organi- sée devant cette plaque, le 5 décem- bre 2016, en présence du maire du 18e arrondissement, avec dépôt d’une gerbe de fleurs et un discours d’Anne Malraux, petite-nièce d’André.
Pour la situer, quelques précisions généalogiques. En 1945, André Malraux, qui a eu deux fils (nés l’un en 1940, l’autre en 1943), qu’il n’a pas pu reconnaître (car pas divorcé), avec la romancière Josette Clotis, se retrouve seul avec eux. En 1944 en effet, Josette est morte, les jambes broyées par un train. Le demi-frère d’André, Roland Malraux, un grand résistant, a été tué par les Allemands. La veuve de Roland, Madeleine, a mis au monde (en 1944) un fils, Alain, qui ne connaîtra donc pas son père. À la Libération, André et Madeleine emménagent ensemble avec les trois petits garçons. Madeleine va alors chaque jour à l’hôtel Lutetia, espérant jusqu’au bout le retour de son mari. Finalement André et Madeleine se marieront en 1947. Anne est la fille d’Alain (le « neveu-fils » d’André).

... mais toujours présent

À Montmartre, les souvenirs et le culte de Malraux restent vifs. Au point qu’en 1996 est créée une association, « Les Amis d’André Malraux-Montmartre », qui devient en novembre 1998 « Les Amitiés internationales André Malraux » (AIAM). Les AIAM sont désormais une association à caractère international qui publie la revue Présence d’André Malraux, organise des événements (colloques, expositions, lectures etc.), œuvre à la diffusion de l’œuvre et à la connaissance de l’homme André Malraux.
Elle a son adresse rue Vauvenargues et, même si elle est présente en divers lieux français et étrangers, elle n’oublie jamais Montmartre. En 2002, elle y avait organisé un débat sur André Malraux et ses amis montmartrois. En 2005, elle avait participé à l’exposition Galanis au musée de Montmartre. Rappelons qu’en 1922, André Malraux avait préfacé le catalogue de l’exposition de Galanis, un de ses amis d’alors.
Dernière action des AIAM : la coorganisation avec mon laboratoire, le Cevipof (Centre de recherches de Sciences Po, qui a abrité la rédaction de ma thèse sur « André Malraux et le gaullisme » et des livres qui ont suivi), du colloque de novembre dernier, « La réception de Malraux aujourd’hui ». Colloque international dont les Actes seront bientôt publiés dans Présence d’André Malraux.


Photo : © DR

Dans le même numéro (février 2017)