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octobre 2013 / Théâtre

A l’Atelier

par Michel Cyprien

La Locandiera de Goldoni. Traduction de Jean-Paul Manganaro. Mise en scène de Marc Paquiem avec Dominique Blanc et André Marcon
Du mardi au samedi à 20h, samedi à 16h.Jusqu’au 24 janvier 2014. 1, Place Charles Dullin. 01 46 06 49 24.

La Locandiera, pièce écrite en 1752, fût considérée, dés sa création, comme la comédie la plus enjouée, la plus réaliste et la plus drôle de Goldoni. L’histoire : un hôtel garni à Florence, un Chevalier misogyne qui a juré de ne jamais tomber amoureux, une aubergiste qui parie que cet homme finira à ses pieds.
« La Locanderia, comme toutes les pièces de Goldoni est une œuvre sur les variations infinies de la Comédie de l’amour. C’est une peinture vivante qui est projetée sur scène, une peinture qui offre un champ d’exploration tout à fait particulier » écrit Marc Paquiem. Les huit héros goldoniens vont jouer toutes les couleurs de l’amour, de la malice et de la liberté. Mirandolina (« La belle Aubergiste » Dominique Blanc) qui fait chavirer le cœur des hommes, va tenter et réussir l’impossible, séduire le Chevalier de Ripafrata (André Marcon) qui affirme « Prendre femme moi ? Plutôt une fièvre quarte ».Sous le regard ébahi de son fiancé, le valet Fabrizio, (Stanislas Stanic), de ses deux prétendants obséquieux, le Comte d’Albafiorita (Pierre-Henri Puente), le Marquis de Forlipopoli (François De Bauer), de deux comédiennes délurées, Ortensia (Anne Durand) Dejanira (Anne Caillére) et de Tonino (valet du Chevalier) l’aubergiste réussira-t-elle son pari ?
Ces personnages sont des représentants ordinaires du peuple et de la bourgeoisie qui s’amusent, se déchirent et se blessent (chacun y laisse des plumes), dans une mise en scène pertinente et élégante qui joue l’équilibre entre drôlerie et mélancolie avec un décor a minima (chaises, tables, mur nu), et un jeu de lumières qui sculpte les silhouettes, tantôt claires, tantôt sombres, on y rit et on a le cœur serré. La distribution est parfaite. Dominique Blanc, actrice entière, populaire, plus habituée à Racine et Duras, met rapidement le public dans sa poche. Resplendissante dans son costume jaune bouton d’or, éclatante sur ce fond de mur bordeaux, esquissant quelques sourires moqueurs entre deux répliques, elle est sublime. André Marcon, talentueux solitaire, surtout dans sa déconfiture, est finalement émouvant, attachant dans son costume aussi sombre que son mépris pour les femmes. Les autres acteurs sont tout aussi épatants.
Cette pièce défend l’honnêteté, l’honneur, la civilité avec un certain regard moqueur et amusé. La scène du dîner dans la chambre du Chevalier et celle de la remise de la note au même Chevalier sont à ranger dans les grands moments de théâtre.
Le chef d’œuvre de Goldoni reste un chef d’œuvre chez Paquiem.

Dans le même numéro (octobre 2013)

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