Des boîtes aux lettres condamnées puis remises en service, le service postal dit s’adapter au vandalisme et au vol. Les syndicats, eux, sont dubitatifs.
Vous l’avez peut-être constaté au moment de poster un courrier le soir ou le dimanche. Depuis plusieurs semaines des bureaux de poste de l’arrondissement (qui en compte une quinzaine) ont condamné leurs boîtes donnant sur la rue. C’était notamment le cas porte Montmartre, rue Duc, rue Vauvenargues… Cette situation a pris fin le 10 août dernier. Le système de clés pour ouvrir les réceptacles de nos correspondances a laissé la place à des cartes magnétiques. Pourquoi la Poste avait-elle pris cette mesure pénalisante pour les usagers, tenus de déposer leurs plis durant les heures ouvrables ?
Il convient de revenir en arrière et de s’intéresser aux boîtes jaunes : fixées aux murs ou posées sur un pied sur le trottoir. Certaines se sont retrouvées momifiées par des bandelettes de ruban adhésif, frappées de la mention : « fermée pour motif de sécurité ». Les élus communistes au Conseil de Paris, intrigués, ont enquêté et recensé 250 boîtes condamnées sur les 1611 que compte le parc parisien. L’argument avancé par La Poste est toujours le même : la sécurité. Les boîtes seraient « visitées » à l’aide de fausses clés ou par effraction. Le but des voleurs : dérober des chèques ou des documents administratifs permettant une usurpation d’identité. Pourtant la Préfecture de Police a constaté une baisse sensible de ce type d’infraction (- 30 % en 2022 par rapport à la même période de 2018). Le groupe communiste a en conséquence demandé, lors du conseil municipal de juillet de « procéder à un état des lieux et de remettre toutes les boîtes en service ».
Vers une diminution du nombre de boÎtes ?
On le sait : le volume du courrier a bien diminué (au niveau national – 60 % en douze ans) et certaines boîtes se trouvent peu remplies lors du passage du releveur. Face à cet état de fait La Poste peut réagir de deux manières : soit espacer les levées (la suppression du timbre rouge va dans ce sens), soit diminuer le nombre de boîtes. En conséquence il y aura moins de releveurs et moins de facteurs. Ce qui alerte les syndicats et les élus locaux, inquiets d’éventuelles suppressions d’emploi.
Il semble paradoxal de fermer les boîtes des bureaux a priori plus sûres que celles placées sur la voie publique. En tous cas La Poste a décidé de travailler en concertation avec chaque mairie d’arrondissement. Une réunion s’est tenue le 8 juillet à la mairie du 18e pour évoquer ce sujet parmi d’autres concernant La Poste. Le « rendement » de chaque boîte sera étudié. Ce qui décidera de son maintien. Le nouveau système de fermeture se révélera-t-il efficace ? Faudra-t-il prendre d’autres mesures avant que le courrier soit tout à fait en sécurité « dans la boîte » ?•