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décembre 2020 / Chômage : trois pistes pour sortir de l’impasse

Le quartier Charles Hermite se mobilise

par Noël Bouttier

Depuis quelques mois, le quartier Charles Hermite travaille sur la démarche Territoires zéro chômeur de longue durée. Sa candidature pourrait être retenue en 2021 lors de l’appel à projets.

Il s’est passé un petit événement ces dernières semaines que l’arrivée de la seconde vague de la Covid-19 et l’incroyable élection américaine ont quelque peu occulté : au Sénat comme à l’Assemblée nationale, une proposition de loi (émanant des parlementaires) a été adoptée à l’unanimité. De quoi s’agit-il ? Le texte approuvé vise à étendre l’expérimentation appelée “Territoires zéro chômeur de longue durée” au moins à cinquante nouveaux territoires, s’ajoutant aux dix zones où elle est actuellement testée (dont une dans un quartier du 13e arrondissement).

En 2018, le Conseil de Paris a voté une résolution pour financer l’émergence de trois projets dans les 18e, 19e et 20e. Pour notre arrondissement, le quartier Charles Hermite (3 000 habitants) très enclavé et confronté à de lourds problèmes sociaux, a été retenu par la municipalité. En mars 2019, une première réunion d’information (dont nous avions rendu compte dans notre numéro 271) avait été organisée dans le quartier pour présenter la démarche. Où en est-on aujourd’hui ?

Dynamique générale

Depuis quelques mois, Guillaume Vuarnet travaille pour faire avancer le projet, rejoint tout dernièrement par Mathilde Gestin, une autre cheffe de projet employée à mi-temps. Tous deux sont salariés d’Ares, importante structure d’insertion par l’activité économique (IAE) qui gère, dans le 18e notamment, une entreprise basée à Cap 18 et un centre d’adaptation à la vie active (Cava). Elle est mandatée par la Ville de Paris pour susciter une dynamique locale autour de “Territoires zéro chômeur”. Le confinement du printemps a fait perdre beaucoup de temps au projet, mais depuis l’été tout le monde met les bouchées doubles pour être prêt à temps – sans doute mi-2021 – afin de candidater pour la deuxième fournée de territoires.

La nouvelle adjointe à l’emploi Gabrielle Siry-Houari qui prend le relais de Claudine Bouygues, initiatrice du projet, se déclare très engagée sur cette initiative. Elle explique pourquoi ce quartier a été choisi : « A la différence, par exemple, de la Goutte d’Or, il existe à Charles Hermite beaucoup moins de structures d’insertion. De plus, nous tablons sur le dynamisme de la porte de La Chapelle pour la création d’emplois générée par les différents chantiers. »

Un groupe de pionniers

L’un des premiers objectifs a été de mobiliser le quartier et notamment de faire émerger un groupe de demandeurs d’emploi volontaires pour s’engager dans le projet. Pas simple ! « Malheureusement, explique Guillaume Vuarnet, Charles Hermite a l’habitude des promesses non tenues. » Cependant, le fait que la loi pour la seconde expérimentation ait enfin été votée facilite la mobilisation locale. Déjà, quelques habitants au chômage se sont déclarés partants pour intégrer le groupe de pionniers qui réfléchit à des activités possibles. Parallèlement, les acteurs de l’emploi, notamment Pôle emploi, ont commencé à contacter les 450 personnes au chômage depuis au moins un an ou travaillant à temps partiel pour une durée inférieure au mi-temps. L’objectif est de leur présenter le projet d’entreprise à but d’emploi (EBE) et de les inviter à se porter candidats, sachant que celle-ci ne pourra démarrer que si le projet est retenu par le comité de sélection. « En général, 60 % des personnes se déclarent candidates », pronostique le chef de projet.

Déjà, des idées plus ou moins abouties d’activités ont été émises. « Plusieurs champs ont été définis, explique Guillaume Vuarnet. D’une part, il y a différentes actions possibles pour améliorer le cadre de vie, par exemple avec la végétalisation. D’autre part, nous souhaitons proposer des services à la personne, comme une conciergerie, le soutien aux personnes âgées ou un atelier de réparation de vélos. Enfin, nous allons développer des activités en direction des entreprises et de leurs salariés. Nous avons déjà pris des contacts avec des entreprises de la porte de La Chapelle. » Pour vérifier que les activités retenues ne sont pas concurrentielles avec l’existant, un comité local de l’emploi, réunissant les différents acteurs économiques et obligatoire pour candidater, devrait être constitué avant la fin de l’année.

Pour la petite histoire, dans le 19e, le projet “Territoires zéro chômeur” se situe dans le quartier nouveau de Rosa Parks, à moins d’un kilomètre de Charles Hermite. Les deux projets ne risquent-ils pas de se marcher sur les pieds ? L’adjointe à l’emploi assure qu’une collaboration a déjà été mise en place entre les deux projets et que les EBE sont appelées à avoir des échanges. « On ne se voit pas comme des concurrents », assure Guillaume Vuarnet.

Dans les prochains mois, l’équipe locale va accentuer la mobilisation des demandeurs d’emploi et des acteurs économiques. Tant il est vrai que la réussite de cette démarche originale ne sera au rendez-vous que si elle est réellement portée par tout le quartier. Il reste beaucoup de pain sur la planche.

Dans le même numéro (décembre 2020)

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