Avenir encore incertain pour la salle de spectacle située dans les locaux de l’auberge de jeunesse de la Halle Pajol. L’arrivée d’un nouveau directeur sera-t-elle source d’un nouveau départ ?
Le festival Traverses présentait son dixième spectacle de danse le 14 octobre dans la salle de spectacle de l’auberge de jeunesse Yves Robert, soutenu comme chaque année par la Mairie du 18e via la dotation culturelle. Spectacle toujours très apprécié par une salle pleine mais qui, cette année, n’était pas accompagné de son habituelle exposition de dessins ou de photos dans le foyer voisin.
Cette absence serait due à « une annulation arbitraire et tardive de l’exposition de la part du directeur sortant de l’auberge de jeunesse » selon Ricardo Suanes, fondateur de l’association ACTe et du groupe d’artistes Traverses... Et surtout au flou qui entoure le fonctionnement de cette salle depuis son ouverture.
Bref historique
Ouverte en 2013, la salle est issue d’une longue concertation entre la Ville et différentes associations et collectifs dont Ricardo Suanes, très investi dans la réhabilitation de la Halle Pajol, fait partie. Elle répondait à une forte attente des habitants pour pallier le manque d’infrastructures culturelles dans le quartier. L’accord issu de cette concertation prévoyait une répartition du temps d’occupation entre la Ville, 200 jours par an pour des activités culturelles et l’auberge de jeunesse, locataire des lieux où est implantée la salle, pour ses activités commerciales (réunions, séminaires…) les 165 jours restants.
Un programmateur culturel qui devait être nommé par la Ville pour faire vivre ses 200 jours d’occupation culturelle ne l’a jamais été, toujours d’après Ricardo qui constate également une sous-occupation de la salle. Elle serait vide plus de 60 % du temps (25 % en 2019).
Il précise également qu’aucun contrat n’a été signé, laissant la porte ouverte à des interprétations personnelles et menant potentiellement, comme pour le festival Traverses, à l’annulation pure et simple de l’exposition qui en faisait partie au motif que « l’affichage de femmes nues ne correspond pas à [nos] valeurs ».
Nouvelle équipe
Violaine Trajan, adjointe au maire du 18e chargée de la culture, n’a pas non plus, connaissance d’un quelconque contrat ou accord écrit formalisant l’utilisation de cette salle et la répartition des jours d’occupation. Elle note cependant que le conservatoire bénéficie de cinq créneaux gratuits par an et qu’un tarif préférentiel est accordé aux associations pouvant justifier d’un an d’activité au minimum. Même si celui-ci est récemment passé de 500 € à 700 €... Elle ajoute que quinze créneaux ont été attribués à des associations au premier semestre 2023 (contre 21 en 2022), bien peu au regard des 200 jours évoqués par Ricardo Suanes. Et elle précise que c’est « la Fédération unie des auberges de jeunesse (FUAJ) qui gère » dans le cadre d’une activité commerciale, la Mairie pouvant agir uniquement comme médiateur si nécessaire.
L’adjointe doit rencontrer Adama Diakite, nouveau directeur de l’auberge de jeunesse, pour mettre les choses à plat et repartir sur de nouvelles bases. Elle veut s’appuyer sur le réseau des acteurs culturels pour faire connaître la salle aux associations, la rendre plus visible auprès des habitants (qui pour beaucoup ignorent son existence), y associer les centres Paris Anim’. Elle a d’ailleurs proposé à Christine Le Gall, directrice (lire son portrait p. 24), de rejoindre le comité de suivi de la salle qui s’est réuni pour la dernière fois en juillet dernier.
Elle va également étudier la possibilité d’un accès direct à cette salle par l’extérieur, après avoir fait le point avec Kevin Havet, adjoint chargé de la sécurité, de la police municipale et de la vie nocturne, sur les problèmes de sécurité qui avaient justifié sa fermeture en 2020.
A l’issue du spectacle Traverses, Ricardo Suanes a lancé un appel à concertation auprès des spectateurs présents, pour se projeter collectivement sur « l’avenir de cette salle et de son foyer comme lieu d’expositions ». Au moment où ce bel outil de culture fête ses dix ans, il est temps de réfléchir à son devenir, sans oublier que son ouverture répondait à une très forte demande des habitants.