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juillet-aout 2023 / Le dossier du mois

JO 2024 : alerte sur les discriminations

par Danielle Fournier

Mams Yaffa, adjoint (EELV) aux sports et aux Jeux olympiques et paralympiques à la mairie du 18e, répond à nos questions sur la mobilisation en cours autour des Jeux olympiques Paris 2024. Pour lui, il importe notamment d’accorder une place de choix aux jeunes des quartiers populaires dans l’accès aux épreuves comme aux missions de bénévoles, « Pour que chacun vive les jeux sans être discriminé »

A un an des Jeux où en est la mobilisation ?

Les questions d’emploi, d’accès aux manifestations sportives, de mobilisation en général, sont préoccupantes. Les associations sportives et de jeunesse dans le 18e sont impliquées dans plusieurs thématiques mais à des degrés divers dans les JO et surtout les jeux paralympiques (JOP). Or, j’aimerais qu’il y ait autant de mobilisation sur les JOP que sur les JO. On a créé des clubs paralympiques, par exemple le basket en fauteuil et bientôt j’espère que nous aurons du cécifoot sur le site des Fillettes. Il y a trois ans nous avons lancé la première journée handisport et, en ce milieu du mois de juin, nous en sommes à la troisième édition de cette manifestation, qui se décline sur plusieurs sites du 18e pour toucher un maximum de jeunes, surtout aux portes de Paris. Néanmoins à propos de la mobilisation des publics pour la période des JO j’ai un avis mitigé : il y a différents dispositifs pour faire que les gens se sentent concernés. Pour l’instant certains sports comme l’escrime – car nous avons deux des meilleurs clubs parisiens et même français –, le basket féminin, le handball qui commence à arriver et puis aussi les sports de combat sont les plus en vue dans le 18e. Là, on note une forte mobilisation et certains jeunes veulent être dans l’équipe de France olympique.

Qu’en est-il des postes de bénévoles et de l’accès aux places ?

Pour l’instant le risque que j’entrevois, et que je déplore aussi, c’est que même dans le bénévolat il y a de l’élitisme ; entre ceux qui entreront dans les enceintes sportives et ceux qui vont se retrouver à indiquer le chemin, ce n’est pas pareil. C’est un sujet que je porte : être équitable dans la répartition des postes de bénévoles. C’est-à-dire ne pas faire des jeunes des quartiers populaires des agents de sécurité bis. La ville de Paris avec Plaine Commune et l’État s’est battue contre l’organisation des JO pour avoir un maximum de places à distribuer gratuitement aux clubs de sport et aux jeunes des quartiers politiques de la ville. Les places sont centralisées au niveau de la politique de la ville et du cabinet de l’adjoint aux sports de la ville de Paris.
Mais dans le 18e certaines associations ont des milliers de licenciés – par exemple 4 000 chez Championnet sport – donc la question de la répartition des places va se poser. Et puis, au-delà du nombre, ce seront des places pour quel sport ? Est-ce qu’on ne risque pas de se retrouver avec des places pour des disciplines dont personne n’a que faire et sans place pour les disciplines les plus recherchées ou les plus connues ? Actuellement, on a entre 40 000 et 50 000 places disponibles au total sur Paris mais nous avons 200 clubs sportifs. Cela pose la question du nombre de places à répartir, de leur répartition et aussi de l’assurance que ceux qui sont en quartier politique de la ville peuvent en bénéficier. Là aussi, c’est un sujet que je porte. Ces jeunes, eux, ils n’iront pas en vacances et ça risque d’être la double peine, c’est-à-dire être en face des sites où potentiellement ils ne pourront pas aller. On est entre le village des fédérations à la Villette et le village des athlètes à Saint-Ouen. Il faut se rendre compte qu’on va voir passer des centaines et des centaines de personnes, athlètes ou officiels, et que par exemple la zone entre la Porte d’Aubervilliers et la porte de Saint-Ouen sera protégée et barrièrée, réservée à ceux qui auront l’autorisation de l’emprunter.
Il faut donc articuler la mobilité des jeunes locaux avec le déroulement
des JO et les JO ça dure longtemps, 2 mois. Il faut que ces jeunes puissent rester mobiles. On va prévoir des animations, notamment avec des sportifs de haut niveau : ils pourront aller voir un match, assister à une rencontre, voir un entraînement, pour que chacun puisse tant bien que mal vivre les Jeux sans être discriminé.

A propos des retombées, et notamment concernant les lieux utilisés pendant les JO, où en est-on ?

Il y aura deux sites dits de célébration, ce qui veut dire des sortes de Fan Zones où les spectateurs pourront entrer librement et où seront reçues des délégations sportives, notamment des délégations africaines avec lesquelles je suis en contact. Ces deux sites sont les jardins d’Éole et le jardin des Cloÿs.

Un certain nombre de sites qui sont habituellement à disposition des habitants du 18e vont donc être occupés dans le cadre des JO et des JOP ?

C’est le cas des centres sportifs Poissonniers et Dauvin qui sont des « sites officiels olympiques » et un site d’entraînement pour le basket 3 par 3 . Il y aura aussi bien sûr le stade des Fillettes, porte de la Chapelle, l’Arena bien évidemment et en ce moment nous recevons des visites de délégation de fédérations qui visitent d’autres lieux comme le nouveau gymnase de Chapelle international ou bien le gymnase Pajol. Est aussi concernée la salle d’armes du boulevard Ney.

Quel héritage en terme d’équipement ?

Un point positif c’est qu’il y a beaucoup de rénovations et de constructions, par exemple 10 terrains dits TPE dans les squares ont été rénovés, tout le site de Bertrand Dauvin aussi. L’Arena qui est en cours de finition comprend deux gymnases, et je veillerai à ce qu’ils soient dévolus aux habitants. Mais tout n’est pas rose, par exemple la Solideo sur le site des Poissonniers a rénové le gymnase mais pas ce qui est extérieur à la salle c’est-à-dire ni les toilettes ni les tribunes ni la piste extérieure. On peut dire que c’est une rénovation cosmétique ! On ne peut pas se satisfaire d’un héritage partiel pour les lieux, comme pour les places ou l’emploi.

Est-ce que l’égalité homme-femme est prise en compte ?

Oui par le biais des appels à projet c’est une question qui est prise en compte. La question du genre, la question des réfugiés aussi, pour que les jeunes de tous les bords puissent participer. La mixité, c’est vraiment important pour moi.

Photo : Thierry Nectoux

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