Journal d’informations locales

Le 18e du mois

Abonnement

FacebookTwitter

juin 2018 / Portrait

Gisela Kaufmann tourne la page

par Brigitte Batonnier

Buchladen, installée rue Burq depuis 1988, fermera ses portes en juillet. Sa fondatrice revient sur une aventure de trente ans et alerte quant à la fin des librairies allemandes de Paris.

« J’ai débarqué à Paris le 13 mai 1968, complètement paumée, sans parler un mot de français, raconte Gisela Kaufmann, la patronne de la librairie allemande Buchladen. Et pas pour grimper sur les barricades ! La fin d’une histoire d’amour avec un allemand francophile m’avait poussé à quitter mon Hambourg natal pour la patrie des droits de l’homme. Il m’avait fait connaître Brassens et Polnareff, que je chantais par cœur sans en comprendre un traître mot. »

Faire les Beaux-arts de Paris, tel était son rêve. Mais à l’époque, pas question d’inscription en faculté. En compagnie d’une jeune Tchèque fuyant les événements de Prague, elle vadrouille donc à travers la France en cet été 1968 propice à l’allégresse.

La découverte de Paris

Après cette petite parenthèse, vient le retour à la réalité prosaïque et au choc des cultures. La jeune allemande se fait jeune fille au pair. Elle raconte son étonnement à voir cette mère française lui confier son bébé de trois semaines pour toute la journée. Dans une autre famille, belge cette fois, elle est chargée de rincer la vaisselle à l’eau bouillante : « Tout un cérémonial, s’amuse-t-elle encore aujourd’hui, il fallait enfiler trois paires de gants, comme-ci et pas comme-ça ».

J’ai mené une vraie vie de bohème dans la petite chambre de bonne, place du Panthéon, contre quelques heures de ménage. Au Royal Luxembourg, je me faisais quelque argent en parlant allemand avec des intellectuels du quartier latin et, pour deux francs de l’époque, m’offrais un croque-monsieur, tandis que je mettais les bouchées doubles pour apprendre le français."

En 1974, elle découvre la Butte. « C’est le jour de l’élection de Giscard que je rencontre au »Bruant« un Montmartrois magnifique », se souvient-elle, sourire aux lèvres. (Lire la suite dans le numéro de juin 2018)


Photo : Thierry Nectoux

Dans le même numéro (juin 2018)

  • La vie du 18e

    Les cantines jouent la carte du tout végétarien

    Florianne Finet
    Les parents pourront choisir le menu sans viande ni poisson pour leurs enfants. Plus de poulet rôti, de filet de merlu, ni de boulettes de (...)
  • La vie du 18e

    Tous mobilisés pour le Petit Ney

    Sylvie Chatelin
    Le café littéraire aux multiples facettes rencontre des difficultés économiques. Le Petit Ney, le café littéraire associatif, situé porte Montmartre, (...)
  • Montmartre

    Le chat noir est de retour

    Samuel Cincinnatus
    Après plus de 120 ans de sommeil, la célèbre revue satirique fait son retour à Montmartre. Une nouvelle série au ton de l’époque, « impertinent, (...)
  • Goutte d’or

    Des jeunes ancrés dans l’errance

    Sophie Roux
    Les spécialistes de l’association Trajectoires ont rendu un rapport à la Mairie de Paris sur la situation des mineurs étrangers non accompagnés de la (...)
  • Le dossier du mois

    La visite guidée se réinvente

    Capucine Léonard-Matta, Danielle Fournier, Gil Savel, Maryse Le Bras, Stéphane Bardinet
    Dans le 18e, il n’y a pas que la butte Montmartre. Des professionnels de la balade, mais aussi des habitants, ont remis la visite guidée au goût du (...)
  • Culture

    L’impro à coups de mots

    Hajer Khader Bizri
    « Le lendemain dimanche on ne parlait que de cela à la télévision sur toutes les chaînes. » Telle est la phrase choisie par l’arbitre pour donner le (...)

n° 331

novembre 2024