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janvier 2024 / Marx Dormoy

Fafa, la première bouquinerie café

par Sylvie Chatelin

Peut-être l’endroit qui manquait dans ce coin du quartier, Fafa, la première bouquinerie-café de l’arrondissement, vient d’ouvrir ses portes à Marx Dormoy.

L’idée a germé dans la tête de Slim, habitant itinérant du 18e depuis une douzaine d’années, dernière adresse connue à la Goutte d’Or. Son projet, qu’il a mûri pendant plus d’un an, vient de se concrétiser : « offrir une pause dans le quartier » et créer « un coin sans prétention », avec des étagères remplies de livres... d’occasion pour « rendre les livres accessibles et leur redonner une chance ». Comme il le dit en souriant, « Je suis sur le même créneau que Gibert Barbès. » Avec cependant une grande différence, car chez Fafa, on peut confortablement s’asseoir sur le canapé et les fauteuils dans une ambiance douillette, siroter un café fraîchement moulu, un thé ou un jus de fruit frais, papoter, lire ou rêver. On peut également accompagner tout cela d’un cake ou d’un cookie fait maison « par un membre de ma famille titulaire d’un CAP de pâtisserie », précise Slim.

Une maman inspirante

Slim a pris goût à la lecture et aux livres grâce à sa maman, Fafa, qui lui rapportait les livres dont se débarrassait la bibliothèque où elle faisait le ménage. Ses préférés, « les livres fantastiques, la SF, les livres jeunesse, ceux que j’ai toujours lus et où j’ai trouvé mon imaginaire » et il les rangeait soigneusement dans le petit meuble que sa mère lui avait fabriqué exprès. Sans oublier les deux qu’il mettait au-dessus de tout, Les Héros de l’Olympe de Rick Riordan et Le Secret de l’épouvanteur de Joseph Delaney. C’est Fafa également, malheureusement décédée depuis qui, grâce à l’assurance-vie qu’elle avait souscrite au nom de ses enfants, a permis à Slim de se lancer et d’imaginer Fafa, bel hommage à cette maman inspirante.

D’occasion et neufs à prix réduits

Les livres d’occasion proviennent principalement de chez Recyclivre (où le rangement des livres, la mise sous pli et l’envoi sont assurés par des personnes en voie d’insertion). Slim en achète aussi auprès de ses clients contre paiement ou via un compte-clients utilisable ensuite dans la bouquinerie. Si des livres en bon état encombrent vos étagères, n’hésitez pas à les lui proposer (hors livres de cuisine et livres scolaires). Et pour compléter, Slim se fournit également en livres neufs à prix réduit auprès d’Expodif (grossiste d’invendus).

Sur les étagères, on trouve aussi quelques « vrais » livres neufs, inclusifs pour les personnes racisées et LGBT comme Muscle roi de Hétonque, un thriller contemporain édité par YBY, une maison d’édition associative dans le 17e ou des ouvrages issus de petites maisons d’édition ou d’autoédition. Au prix d’une consommation, on peut également travailler chez Fafa (connexion wifi) sous les yeux de trois magnifiques portraits de célébrités représentées en chats... on vous laisse deviner lesquelles.

Slim se dit satisfait des débuts de Fafa, avec des retours très positifs de la part des premiers clients, comme Catherine, habitante du quartier, cliente de la première heure avec sa petite fille. Elles y ont bu un chocolat chaud en lisant à voix basse une histoire de dinosaures avec laquelle elles sont reparties (2 €). Catherine apprécie le côté feutré du lieu et « le principe du recyclage, l’accueil en plus » et trouve que c’est un bon intermédiaire entre la bibliothèque et la librairie.

Photo : Jean-Claude N’Diyae

Dans le même numéro (janvier 2024)