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octobre 2017 / Culture

Les drôles de baraques de Migas Chelsky

par Jacqueline Gamblin

D’émouvantes petites maisons de carton ondulé prennent vie grâce à un artiste inspiré par le cinéma et ses décors.

Cheveux poivre et sel soigneusement serrés en catogan encadrant un visage sympathique, mocassins rouges - qu’il affectionne - aux pieds, Michel Gasqui, sous le nom d’artiste de Migas Chelsky est le créateur de ces petites maisons sans prétention. Il mêle les couleurs avec subtilité, faisant apparaître par le biais de sa peinture, l’absence de moyens et l’usure du temps sur ses constructions. On y imagine volontiers l’ami Charlot réfugié, faisant valser porte ou fenêtre d’un moulinet de sa canne. Ici, le carton restitue un toit de tôle ondulée. Là, des panneaux de bois, voire quelques briques, forment la structure. Une petite fenêtre où quelques vitres teintées s’inscrivent de bric et de broc dans une façade en panneaux d’aggloméré. Une cheminée gagnée par la rouille se dresse vers le ciel de neige. Certes, ces émouvantes bicoques évoquent les gens dans la misère qui les ont construites au hasard de matériaux récupérés. Mais à l’abri de leurs parpaings solidement joints, des familles se serrent autour du poêle, portes et fenêtres closes. Baraques et bicoques ont une âme, celle de ceux qu’elles abritent. Et un peu de celle de leur créateur.
Autodidacte, épris de dessin, peinture, gravure, Migas Chelsky pratique l’art du recyclage de carton qu’il façonne et peint avec précision, mais aussi de vis, boulons, fouets à œufs, tire-bouchons et divers, créant de curieux personnages parfois légendaires. Ses œuvres sont imprégnées de l’univers du cinéma que ce grand amateur et audacieux fondateur et rédacteur en chef du trimestriel Cinescopie (2006-2016) affectionne. Fidèle au super 8, ses caméras, bobines, foires, expositions et festivals, Michel Gasqui totalise aussi une vingtaine d’expositions d’œuvres peintes ces dernières années sous son nom d’artiste. Initiateur avec un ami, il y a quelques décennies, de Gasma-Photomontage qui a suscité une trentaine d’expositions à Rome, Prague et Paris, Lille (Ciseaux-Graphies, Palais Rihours). Il a créé, en 2015, à Soissons où il demeure, l’AAA, Association des artistes axonais.
Il expose en compagnie de Marie Audin, avec qui il partage l’amour des maisons « imprégnées de l’humain au point de devenir vivantes ». Pratiquant l’art du « piquage » de maisons sur fond d’aquarelle, et perforant ses supports à l’aiguille, elle ajoute à ses perforations de la broderie, du fil colorant ses façades, portes, fenêtres, toitures, ciel. La piquante Marie est dermatologue.


> Baraques, bicoques, galerie 3 F, du 30 octobre au 12 novembre, 58 rue des Trois Frères.

Dans le même numéro (octobre 2017)