De souvenirs en rencontres inattendues, les romans du nouveau prix Nobel de littérature arpentent souvent notre arrondissement.
Il est difficile de trouver un écrivain dont le destin et l’œuvre sont plus étroitement et intimement liés à une ville. Patrick Modiano, qui s’est vu décerner, en octobre dernier, le prix Nobel de littérature, est un écrivain de Paris. Ses rendez-vous, c’est souvent au café, Au Rêve, 89 rue Caulaincourt, qu’il les donne, un bistrot que fréquentèrent, autrefois, Georges Simenon et Marcel Aymé, et qu’il aime à citer dans ses livres. Dans Une jeunesse il écrit : « Ils étaient assis sur l’une des banquettes du Rêve, un café de la rue Caulaincourt que Louis aimait bien à cause de son nom. Cela les amusait, Odile et lui, de dire : « Rendez-vous à cinq heures au Rêve… »
Mais Paris est plus qu’un lieu de vie et de travail. La capitale hante à ce point l’œuvre du romancier que l’on a pu dire qu’elle en est l’un des personnages principaux. Depuis La Place de l’Étoile, livre qui le révéla, cela fait plus de quarante ans que Patrick Modiano voyage dans plusieurs Paris – celui d’aujourd’hui, celui de l’occupation, celui encore des années 50 et 60 – revisite bistrots et vieux hôtels, redonne vie, à partir d’une adresse, à des êtres en partie réels, en partie fictifs.
Un Paris rêvé
Chez Modiano, le regret n’est pas le moteur de l’écriture. Son Paris est tout sauf nostalgique ou mélancolique. C’est « un Paris rêvé, composé d’expressions vécues et incorporées à la fiction ». C’est aussi une ville divisée. Tandis que la rive droite est souvent liée aux activités louches de l’Occupation, la rive gauche est associée à la Résistance. Mais il ne s’agit pas d’une frontière, plutôt d’un passage. Si les parents de l’auteur ont exercé des activités qui les relient plutôt à la rive droite (spéculation dans le 16e pour le père, théâtre et music-hall entre Pigalle et Clichy, pour la mère), ils ont habité pendant plusieurs années un appartement de la rive gauche, quai de Conti.
À Montmartre dans un rêve éveillé
Surtout, le 18e arrondissement, sur la rive droite, est perçu de façon clairement positive par le romancier. Dans Un Pedigree, roman autobiographique publié en 2005, le narrateur se souvient des moments où il suivait la rue Championnet, en fin de journée, le soleil dans les yeux... (Lire la suite dans le numéro de décembre 2014)
Reportage photo Tessa Chéry
Photo : © Éditions Gallimard
Dans le même numéro (décembre 2014)
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